Cahiers techniques de l'AEU2 - N°5 CONSTRUIRE LA VILLE SUR ELLE-MÊME - page 23

23
ÉLÉMENTSDEMÉTHODOLOGIEAEU
2
POUR«CONSTRUIRE LAVILLESURELLE-MÊME»
CAHIERTECHNIQUE
CONSTRUIRELAVILLESURELLE-MÊME
Les principes qui peuvent garantir la participation
effective des habitants peuvent se résumer à travers les
pointssuivants :
-
proposer unaccès libreet permanent
àune information
complète autour du projet, dans un souci de communi-
cationauxnon spécialistes ;
-
cadrerenamont ladémarchedeconcertationdemanière
partagée :
il s’agit de distinguer concertation a priori et
a posteriori, de définir le calendrier et le rôle de chacun
de manière partagée, d’assurer une représentativité de
tous les publics concernés et d’affecter desmoyens à la
participation ;
-
connaître, capitaliser et faire avec l’existant
: il est
important de prendre en compte les expériences
passées au sein du territoire, afin d’en déterminer les
facteurs de réussite et les points de blocage. Au-delà
de la mobilisation des outils classiques, une approche
efficace peut consister à s’appuyer sur les réseaux et
les instancesdéjàexistantes ;
-
établir le bilan de la participation
afin de préciser
les conditions de prise en compte des résultats de la
participationdupublicet de les capitaliser.
L’évaluation
Il s’agit d’une part de mettre en place une évaluation
des démarches engagées et d’autre part une évaluation
environnementale du projet lui-même. Ce processus
d’évaluation se doit d’associer l’ensemble des parties
prenantes.
Au regard des temps nécessaires à la mise enœuvre du
renouvellement urbain, et du caractère interdépendant
des interventions, l’évaluationconstitueunpoint clépour
le réajustement ou la vérification de la pertinence des
démarchesengagées. Cetteévaluationpropreaupilotage
du renouvellement urbain s’inscrit plus largement dans
un environnement d’évaluation des politiques publiques
initié par la Commission Européenne à partir des années
1990. Ainsi l’ANRUadéveloppé lanotiondepointd’étape,
les OPAH dressent un bilan annuel, les SPL et les SEM
rendent également compteannuellement à lacollectivité
de laconduitede leuropérationà travers leCRAC (compte
renduannuel à lacollectivité). L’évaluationpeut aussi être
l’occasion d’apprécier la pertinence de l’action au plus
près des destinataires finaux, en les faisant participer à
traversuneévaluationparticipativeouauto-évaluation.
LESTEMPSD’INTERVENTION
Dans le cadre du renouvellement urbain, les 4 étapes de
l’AEU
2
se confrontent à une problématique spécifique
qui est la
maîtrise du temps d’intervention sur la ville
.
Cetteproblématique revêt plusieursdimensions :
Un temps d’intervention ponctuel au regard du temps
longde la sédimentation
La spécificité de l’intervention sur la ville existante
réside dans le fait que la ville elle-même est le résultat
de cycles de construction plus ou moins longs qui ont
conduitàunestratificationdes réalisationssuccessives.
La première particularité est donc de
s’inscrire dans
le « déjà là »
et de devoir composer avec lui, y compris
lorsqu’il s’agit de reconquérir une friche ou de procéder
à une démolition-reconstruction. De ce point de vue,
la « tabula rasa », un temps prônée par une partie du
mouvement moderne, n’existe pas, car la question de
l’insertionurbaineseposetoujours,àminimaauxfranges
du projet. La conséquence de cette incontournable
inscription dans un existant plus ou moins ancien est
de considérer que les acteurs de l’urbanisme n’ont une
action que « ponctuelle » sur un cycle de vie beaucoup
plus longetunespacebeaucoupplusvasteque leprojet
lui-même.
Un temps d’interventionplus long
Si faire la ville sur-elle-même ne peut se faire que par
touchessuccessivesetponctuelles,forceestdeconstater
que les temps d’intervention entre l’émergence de la
visionet la réalisation se
rallongent
depar lacomplexité
croissante desmodes de gouvernance et de production
desprojets. Cette réalitéobservéepar lesprofessionnels
de l’aménagement est à mettre en perspective avec la
durée des procédures réglementaires qui encadrent la
productionmais également avec l’implication d’acteurs
plus nombreux dans le processus de conception des
projets, acteursqui ontdes tempspropresqui s’ajoutent
et se juxtaposent et qu’il s’agit demettre«enphase».
Un temps d’intervention plus itératif qui intègre les
habitants
La troisièmeparticularitéestquece
territoireest«habité
»
et que ses habitants au sens large (résidents, actifs,
usagers, visiteurs, touristes…) ont un droit de « cité ».
Il est intéressant de noter que le niveau de dialogue
et d’implication citoyenne est également très divers
en Europe et renvoie à des cultures différentes de
l’aménagement et du projet urbain. À ce titre, les Pays-
Bas, avec leur « culture du polder », font figure de
précurseurs historiques par leur mode d’implication de
la communauté des habitants à la construction et la
transformationde leur territoire.
1...,13,14,15,16,17,18,19,20,21,22 24,25,26,27,28,29,30,31,32,33,...140