de sable par jour par personne
(le poids d’un petit phoque).
18kg
Soit une moyenne de
Le sable,
une ressource qui
pourrait bien nous
filer entre les doigts
1
On ne s’en doute pas
mais le sable est la
2
e
ressource naturelle
la plus exploitée
après l’eau.
Pourquoi ?
Il est absolument partout : dans le béton des immeubles,
dans les vitres, dans les ordinateurs, dans l'asphalte des routes,
dans les téléphones, dans les peintures, dans les lessives
et même dans les cosmétiques.
On estime ainsi qu’entre
27
et
40
milliards de tonnes de sable
sont extraites chaque année sur la planète.
Il y a presque autant de grains de sable
sur Terre que d’étoiles dans l’univers.
Pourtant, le sable exploitable n’existe
qu’en quantité limitée sur la planète.
Son exploitation effrénée créée
des tensions de plus en plus fortes.
Le secteur du BTP
est incontestablement
le plus gourmand en
consommation de sable
Il y a un siècle et demi, un nouveau matériau
révolutionne le monde de la construction :
le béton.
Et les bâtiments poussent comme
des champignons dans certaines
parties du monde
C’est qu’il en faut du sable
pour réaliser toutes ces constructions !
60%
du sable consommé chaque année
est utilisé par la Chine,
un pays à l’urbanisation galopante.
Il est facile à produire, très solide et peu
coûteux. Il va progressivement modeler
presque tous nos lieux de vie.
Aujourd’hui, les
2/3
des constructions mondiales
sont réalisées en béton.
Constitué de
2/3
de sable
1/3
de ciment
200
TONNES
pour une maison
de taille moyenne
30
000
TONNES
par km
pour une autoroute
12
Millions
de tonnes
pour une centrale
nucléaire
Dans les années 1970,
Shenzhen était une petite ville de
35 000 personnes.
Aujourd’hui, cette métropole tentaculaire
compte officiellement
12 millions
d’habitants
(c’est-à-dire plus que
New York, Londres ou Paris)
avec ses tours dortoir et ses gratte-ciel
à perte de vue.
1970
Aujourd’hui
Shenzhen
X343
Certains projets fous sortent
littéralement de terre grâce
au sable
Après la fabrication de ciment, la poldérisation, une technique pour
créer artificiellement des surfaces terrestres sur la mer, est la
seconde utilisation la plus importante de sable.
Deux villes se distinguent pour leurs projets titanesques de
poldérisation :
Singapour,
toujours plus grande
En plein essor démographique mais de petite
taille et entourée d’eau de toute part, la ville
État a trouvé une solution : gagner du terrain
sur la mer. Pour y parvenir, elle a utilisé de
gigantesques quantités de sable.
Dubaï,
des îles en pagaille
Au début des années 2000, Dubaï lance
le projet « Palm Island ». 150 millions
de tonnes de sable seront utilisées pour
construire un archipel d’îles artificielles
en forme de palmier.
Singapour a ainsi augmenté sa superficie de
20%
au cours des 40 dernières années, devenant ainsi
le plus gros importateur de sable au monde.
Le sable, principalement importé d’Indonésie,
aurait provoqué la disparition de 24 îles.
La ville prévoit une extension de ses terres de
100
km²
supplémentaires d’ici 2030.
Sur cette lancée, le projet « The World »
voit le jour en 2003.
L’objectif : recréer un planisphère géant composé
d’îles artificielles représentant chacune un pays.
Avec un budget estimé à
14
milliards
de dollars
et une consommation de
500
millions
de tonnes de sable, la crise de 2008 marque
l’arrêt du chantier qui ne sera jamais achevé.
Par ailleurs, le sable est devenu un élément
indispensable de nos sociétés hyperconnectées.
C’est un des composants essentiels
à la fabrication des microprocesseurs.
Sans lui, pas d’ordinateurs, de téléphones
portables, de cartes bancaires, etc.
Chine
États-Unis
1900
2020
2016
Comment ? Pourquoi ?
Creusons le sujet.
La Chine a consommé
autant de sable
ces 4 dernières années
que les États-Unis
en un siècle.
Bientôt, les précieux grains
risquent de se faire rares
Sous l’effet de la croissance démographique,
de l'évolution de nos modes de consommation
et de l'urbanisation croissante,
la demande
de sable a triplé au cours des deux dernières décennies.
À première vue,
il semble exister en quantité infinie :
on le trouve sur terre,
dans la mer et dans les déserts.
C’est vrai qu’avec
un volume estimé à
120
millions
de milliards
de tonnes,
on penserait ne jamais pouvoir
être à court de sable.
Seulement,
notre consommation
effrénée de sable se heurte
à deux problèmes
Le sable exploitable voit
donc ses réserves fondre
face à l’augmentation
de la demande
Dans un premier temps, le sable était extrait
dans des mines ou carrières terrestres, mais avec l’explosion des
constructions à travers le monde, les réserves s’épuisent
progressivement. Il faut donc creuser ailleurs, plus précisément dans
2000
Aujourd’hui
X3
1.
La majeure partie de ce sable est inaccessible
ou impropre à une utilisation industrielle.
Le sable des déserts est inutilisable par exemple, car il est trop fin.
Il est impossible de l’agglomérer pour fabriquer du ciment.
2.
La régénération du sable
est perturbée par les barrages.
Les 60 000 grands barrages construits à travers le monde
retiennent ¼ du sable de la planète. Les sédiments qui,
en temps normal, se dirigent par le lit des rivières vers la mer
et les plages, y sont emprisonnés.
C’est pourquoi Dubaï, pourtant entourée
de désert, a dû importer des quantités
astronomiques de sable d’Australie
pour construire Burj Kalifa, le plus haut
gratte-ciel du monde.
Aujourd’hui, l’extraction
de sable marin s’élève à
75
millions
de tonnes annuelles.
Cette exploitation
encore minime (2,5% de la production totale
de sable)
est vouée à s’accélérer à mesure
que les carrières terrestres s’épuisent.
À force de creuser pour
extraire du sable, on risque
de toucher le fond :
En prenant de l’ampleur, l'extraction de sable dans les mers
et océans a commencé à poser de nombreux problèmes :
Les plages disparaissent
Entre
75%
90%
des plages du monde reculent !
Lorsque le sable est aspiré, les animaux et les plantes le sont aussi.
Tous les organismes vivants des fonds marins sont éliminés,
or ils constituent la base de la chaîne alimentaire marine.
La survie de toutes les espèces est en péril.
Au bout de la chaîne, des milliers de familles de pêcheurs
voient leur moyen de subsistance disparaître à petit feu.
La faune et la flore sont détériorées
Les plages sont un rempart naturel contre les tempêtes,
en accélérant leur érosion on se prive de leur protection.
Les côtes sont moins
bien protégées
Avec l’érosion des côtes, l’eau de mer s’infiltre via les estuaires,
ce qui salinise et rend les terres agricoles inexploitables.
Les terres agricoles
sont en péril
L’exploitation du sable devient
l’objet d’un trafic clandestin
Considéré comme une ressource infinie et gratuite, les faibles réglementations qui
encadrent l’exploitation du sable sont facilement contournées à travers le monde.
Corruption des administrations, guerres de territoires, exploitation des travailleurs,
dégradations environnementales, mise en danger des populations : le sable est au
cœur d'un vaste problème mondial dont aucune autorité ne semble vouloir
prendre la mesure.
Au Maroc,
la moitié du sable utilisé dans les chantiers, soit
10
millions
de m³ par an, provient de l’extraction
illégale sur les côtes.
Le long du littoral marocain,
les « marchands de sable » n’hésitent pas à recruter
des enfants pour réaliser ce travail ardu.
En Inde,
deuxième pays consommateur de sable de construction après la Chine,
l’exploitation et le commerce de cet or jaune est tenu par des mafias très
organisées, notamment le long des côtes du Tamil Nadu dans le sud du pays.
En 2013, face aux abus des sociétés privées, les autorités gouvernementales
finissent par prendre des mesures pour interdire l’exploitation.
Malgré cela, des exploitants privés ont continué d’exporter plus de deux
millions de tonnes métriques de minerais dans le monde entre 2013 et 2016,
notamment vers la Chine, le Japon, les États-Unis, les Émirats arabes unis, l’Arabie
saoudite, l’Allemagne et même la France. Les journalistes indiens qui ont tenté de
mener l'enquête sur le sujet ont été victimes d’intimidation et même de meurtre.
Le Cambodge
est devenu l’épicentre d'un vaste commerce de sable, pour répondre aux besoins
gargantuesques de ses voisins ravageant les écosystèmes locaux
et fragilisant les habitants. La réalisatrice cambodgienne Kalyanee Mam,
dénonce cette situation dans un court-métrage intitulé Lost World.
Elle y montre comment l’extraction du sable des rivières de l’île de Koh Sralau
a provoqué l’extinction de la faune et de la flore, notamment de la mangrove.
Le documentaire explique comment le sable cambodgien a permis de construire
l’Ecoparc de Gardens by the Bay à Singapour, une attraction qualifiée de
« verte » par les autorités locales.
Regarder lost world
Regarder lost world
L’océan.
La solution a donc été d'aller chercher le sable dans les océans et
les mers, le plus près possible des côtes pour des raisons de coûts
et d'efficacité.
De nombreuses sociétés mondiales d’extraction de sable marin
ont ainsi vu le jour.
et
Comment ça se fait ?
Le sable est de plus en plus souvent extrait des plages et des littoraux. Pour extraire ce
sable marin, des bateaux traînent des appareils sous-marins le long des côtes qui aspirent
le sable des dunes sous-marines et le rejettent sur le pont. Cela crée des trous dans le fond
marin que la mer comble naturellement avec du sable provenant des plages.
Cela provoque l'érosion du littoral.
Et à notre échelle,
que faire ?
pour endiguer les dérives liées
à l’exploitation du sable ?
Du côté des États,
on coopère
Le sable manque déjà dans certaines régions du monde, alors que la croissance
et le développement de l'Asie et de l'Afrique s'accélèrent.
Pour lutter contre les dérives liées à l’exploitation du sable les États doivent établir
une gouvernance concertée, sensibiliser et accompagner les autorités régionales
mais aussi mobiliser les acteurs du secteur.
C’est ce que préconise l’ONU dans son rapport « Sable et développement durable :
trouver de nouvelles solutions pour la gouvernance environnementale
des ressources mondiales en sable. »
le rapport de l’onu
le rapport de l’onu
Du côté des industriels,
on recycle ?
Selon les professionnels du granulat, l’avenir n’est pas en mer,
mais sur les plateformes de recyclage. Chaque année, 100 millions
de tonnes de granulats sont récupérées sur les chantiers de
déconstruction du BTP. L’essentiel de ces gravats sert aux
sous-couches des routes. Mais des recherches sont menées pour
tâcher de refaire du béton à partir de ces déchets.
La France produit chaque année 260 millions de tonnes de déchets
issus du BTP, mais seule une fraction de ces déchets est recyclée.
Pour y remédier, le programme national Recybeton a été lancé
il y a six ans. L’objectif : mener des recherches pour trouver des
moyens de réutiliser l’intégralité des matériaux issus de bétons
déconstruits pour en fabriquer de nouveaux. Chaque année,
les chercheurs livrent leurs préconisations pour améliorer les
pratiques des acteurs du secteur.
Autres axes à approfondir
Augmenter l’exigence de béton recyclé
dans les cahiers
des charges établis par le secteur public, particulièrement
consommateur de béton via son activité de construction
d’infrastructures et de routes.
Utiliser des matériaux alternatifs :
terre, bois, paille et autres matériaux bio-sourcés.
Refréner nos envies de gigantisme :
bâtir moins et moins grand.
En savoir plus sur Recybeton
En savoir plus sur Recybeton
On trie ses déchets de chantier
lorsque l’on fait des travaux
Lorsque l’on fait appel à des entrepreneurs pour des travaux de construction, de
rénovation ou de démolition, on règle des frais pour l’évacuation
des gravats et la mise en déchèterie. Mais comme son accès est payant
pour les professionnels, certaines entreprises peu scrupuleuses
se débarrassent de ces déchets encombrants dans des lieux non autorisés.
Plus de 580 décharges sauvages de gravats
ont été identifiées en France.
Pourtant, les gravats peuvent se recycler !
Beaucoup de déchèteries publiques acceptent les gravats des professionnels
à certaines conditions (volume et prix) mais il existe aussi des déchèteries privées
pour les gravats. Les volumes supérieurs peuvent être pris en charge par un
professionnel. Vous pouvez alors exiger de votre entrepreneur qu’il vous
présente un certificat de dépôt en déchèterie pour vous en assurer.
POINT DE COLLECTE
POINT DE COLLECTE
On suit de près les projets
d’extraction de sable en France
Sur les 356 millions de tonnes de minéraux extraits en France, 90% sont des
graviers et du sable. Un des grands projets d’extraction de sable marin a été
autorisé en 2015 dans la baie de Lannion en Bretagne. Le collectif citoyen « Le
peuple des dunes » s’empare alors du sujet pour alerter des risques pour
l’environnement, les activités de pêche et le tourisme. On peut les suivre et les
soutenir ici :
LE PEUPLE DES DUNES
LE PEUPLE DES DUNES
Pour trouver un point de collecte
près de chez soi, c’est par ici :
On suit l’enquête
collaborative internationale
sur les scandales écologiques
Le « Green Blood Project » est le fruit d’une enquête collaborative
menée par le collectif de 40 journalistes Forbidden Stories.
Les 40 journalistes du réseau poursuivent les enquêtes de confrères
assassinés pour avoir voulu révéler le coût environnemental
et humain de l’industrie minière en Afrique, en Asie et en Amérique
centrale. En est issu un éco-documentaire en 4 épisodes à regarder ici :
On regarde le documentaire
« Sable : enquête
sur une disparition »
À l’issue d’une investigation méticuleuse, le réalisateur Denis
Delestrac y relate la bataille à laquelle se livrent entrepreneurs,
contrebandiers, politiques et populations locales autour de ce nouvel
or jaune. Nous emmenant du Maroc à Singapour en passant par
l’Indonésie, la Floride ou la France, le documentaire nous fait
comprendre les tenants et les aboutissants d’un drame écologique,
social et humain qui pourrait conduire à la disparition des plages.
Une partie de l’enquête porte notamment sur le décès du journaliste
Jagendra Singh comme trois autres journalistes en 2015 alors qu’il
menait l’enquête sur le trafic de sable en Inde. Pour en savoir plus sur
l’enquête menée par Forbidden Stories sur cette disparition et les
exactions des mafias du sable, c’est par ici :
Green blood project
Green blood project
Forbidden stories
Forbidden stories
Voir le documentaire
Voir le documentaire
UN ENVIRONNEMENT
|
ADEME
|
DELESTRAC Denis, Le sable, Enquête sur une disparition (2013)
|
HIAULT Richard, La guerre mondiale du sable est déclarée, LesEchos.fr (24 février 2016)
Une infographie réalisée par
27
et
40
Les data centers ?
Ce sont de sortes de grosses
usines dans lesquelles transitent et
sont stockées toutes les données
que nous produisons et sollicitons.
Cela va du petit mail au collègue
à l’album photo Summer 2019
stocké sur le cloud en passant par
nos soirées de binge watching.
Tous les gros acteurs du numérique
ont leur propre data center (Apple,
Google, Facebook). Ils tournent à
plein régime 24h/24, 7j/7. Leur règle
N°1 : elles ne doivent jamais planter
sinon, pouf, Internet est cassé.
L’énergie consommée est immense
pour garantir un fonctionnement
sans faille. Les serveurs émettent
une grande chaleur qu’il faut réduire
grâce à un système de climatisation
hyper efficace, ce qui consomme
également une énergie folle.
C’est le serpent qui se mord la queue
et la facture énergétique finale
est très salée. Le refroidissement
constitue à lui seul 40% la facture
électrique des data centers. Tant est
si bien qu’un Data center consomme
autant d’électricité qu’une ville de
30 000 habitants.
Le sable, une
ressource
qui pourrait
bien nous
filer entre
les doigts.
1
On ne s’en doute pas
mais le sable est la
2
e
ressource naturelle la plus
exploitée après l’eau.
Pourquoi ?
Il est absolument partout : dans le
béton des immeubles, dans
les vitres, dans les ordinateurs,
dans l'asphalte des routes,
dans les téléphones, dans
les peintures, dans les lessives
et même dans les cosmétiques.
On estime ainsi qu’entre
27
et
40
milliards de tonnes de sable
sont extraites chaque année
sur la planète.
de sable par jour par personne
(le poids d’un petit phoque)
18kg
Soit une
moyenne de
Il y a presque autant
de grains de sable
sur Terre que d’étoiles
dans l’univers.
Pourtant, le sable
exploitable n’existe
qu’en quantité limitée
sur la planète.
Son exploitation
effrénée créée
des tensions de
plus en plus fortes.
Comment ?
Pourquoi ?
Creusons le sujet.
Le secteur
du BTP est
incontestablement
le plus gourmand
en consommation
de sable
Il y a un siècle et demi, un
nouveau matériau révolutionne le
monde de la construction :
le béton.
2/3
1/3
de sable
de ciment
il est facile à produire,
très solide et peu coûteux, il va
progressivement modeler presque
tous nos lieux de vie.
Aujourd’hui, les
2/3
des
constructions
mondiales
sont réalisées
en béton
C’est qu’il en faut
du sable pour réaliser
toutes ces constructions !
200
TONNES
pour une maison
de taille moyenne
30 000
TONNES
par km
pour une autoroute
12
MIllions
de tonnes
pour une centrale
nucléaire
Et les bâtiments
poussent comme
des champignons
dans certaines
parties du monde
60%
du sable consommé chaque
année est utilisé par la Chine,
un pays à l’urbanisation galopante.
La Chine a consommé autant
de sable ces 4 dernières années
que les États-Unis en un siècle.
Chine
États-Unis
1900
2020
2016
Shenzhen
35 000
Dans les années 1970,
Shenzhen était
une petite ville de
personnes.
Aujourd’hui,
cette métropole
tentaculaire compte
officiellement
12
millions
d’habitants
(c’est-à-dire plus que New York,
Londres ou Paris) avec ses tours
dortoir et ses gratte-ciel à perte
de vue.
AUJOURD’HUI
1970
X343
Certains projets
fous sortent
littéralement
de terre grâce
au sable
Après la fabrication de ciment,
la poldérisation, une technique
pour créer artificiellement des
surfaces terrestres sur la mer,
est la seconde utilisation la plus
importante de sable.
Deux villes se distinguent
pour leurs projets titanesques
de poldérisation.
Singapour,
toujours plus
grande
En plein essor démographique
mais de petite taille et entourée
d’eau de toute part, la ville État
a trouvé une solution : gagner
du terrain sur la mer. Pour y
parvenir, elle a utilisé de
gigantesques quantités de sable.
Singapour a ainsi augmenté
sa superficie de
20%
au cours des 40 dernières
années
, devenant ainsi le plus
gros importateur de sable au
monde.
Le sable, principalement importé
d’Indonésie, aurait provoqué
la disparition de 24 îles.
La ville prévoit une extension
de ses terres de
100
km²
supplémentaires d’ici 2030.
Dubaï, des îles
en pagaille
Au début des années 2000, Dubaï
lance le projet
« Palm Island ». 150 millions
de tonnes de sable seront utilisées
pour construire
un archipel d’îles artificielles
en forme de palmier.
Sur cette lancée, le projet
« The World »
voit le jour en 2003.
14
MILLIARDS
de dollars
et une consommation de
500
MILLIARDS
de tonnes de sable, la crise de
2008 marque l’arrêt du chantier
qui ne sera jamais achevé.
120
MILLIONS
DE MILLIARDS
L’objectif : recréer un
planisphère géant composé
d’îles artificielles représentant
chacune un pays.
Avec un budget estimé à
Par ailleurs, le sable est devenu
un élément indispensable
de nos sociétés hyperconnectées.
C’est un des composants
essentiels à la fabrication
des microprocesseurs.
Sans lui, pas d’ordinateurs,
de téléphones portables,
de cartes bancaires, etc.
C’est ainsi
que bientôt,
les précieux
grains risquent
de se faire rares
Sous l’effet de la croissance
démographique,
de l'évolution de nos modes
de consommation
et de l'urbanisation
croissante,
la demande
de sable a triplé
au cours des deux
dernières décennies.
AUJOURD’HUI
2000
X3
À première vue, il semble
exister en quantité infinie :
on le trouve sur terre, dans
la mer et dans les déserts.
C’est vrai
qu’avec un
volume estimé à
de tonnes, on penserait
ne jamais pouvoir
être à court de sable.
Seulement, notre
consommation
effrénée de sable
se heurte à deux
problèmes
1.
La majeure partie de ce
sable est inaccessible ou
impropre à une utilisation
industrielle.
Le sable des déserts est
inutilisable par exemple, car
il est trop fin. Il est impossible
de l’agglomérer pour fabriquer
du ciment.
C’est pourquoi Dubaï,
pourtant entourée de désert,
a dû importer des quantités
astronomiques de sable
d’Australie pour construire
Burj Kalifa, le plus haut
gratte-ciel du monde.
2.
La régénération
du sable est perturbée
par les barrages.
Les 60 000 grands barrages
construits à travers le monde
retiennent ¼ du sable de la
planète. Les sédiments qui,
en temps normal, se dirigent
par le lit des rivières vers la mer
et les plages, y sont emprisonnés.
Le sable
exploitable voit
donc ses réserves
fondre face à
l’augmentation
de la demande
Dans un premier temps, le sable
était extrait dans des mines ou
carrières terrestres, mais avec
l’explosion des constructions à
travers le monde, les réserves
s’épuisent progressivement.
Il faut donc creuser ailleurs,
plus précisément dans
L’océan.
La solution a donc été d'aller
chercher le sable dans les océans
et les mers, le plus près possible
des côtes pour des raisons de
coûts et d'efficacité.
De nombreuses sociétés
mondiales d’extraction de sable
marin ont ainsi vu le jour.
Cette exploitation
encore minime (2,5% de la
production totale de sable)
est vouée à s’accélérer à
mesure que les carrières
terrestres s’épuisent.
Aujourd’hui, l’extraction
de sable marin s’élève à
75
millions
de tonnes annuelles.
95 m
NS
de photos et
vidéos sont postées
sur Instagram
1,6 m
DS
de photos
envoyées
250 m
NS
de vidéos
envoyées
3 m
DS
de snaps
postés
À force de
creuser pour
extraire du sable,
on risque de
toucher le fond
En prenant de l’ampleur,
l'extraction de sable dans
les mers et océans a commencé à
poser de nombreux problèmes
Les plages
disparaissent
Entre
75%
et
90%
des plages du
monde reculent !
Comment
ça se fait ?
Le sable est de plus en plus
souvent extrait des plages et des
littoraux. Pour extraire ce sable
marin, des bateaux traînent des
appareils sous-marins le long des
côtes qui aspirent le sable des
dunes sous-marines et le rejettent
sur le pont. Cela crée des trous
dans le fond marin que la mer
comble naturellement avec du
sable provenant des plages. Cela
provoque l'érosion du littoral.
Lorsque le sable est aspiré, les
animaux et les plantes le sont
aussi. Tous les organismes vivants
des fonds marins sont éliminés, or
ils constituent la base de la chaîne
alimentaire marine. La survie de
toutes les espèces est en péril.
Au bout de la chaîne, des milliers
de familles de pêcheurs voient
leur moyen de subsistance
disparaître à petit feu.
La faune et la
flore sont
détériorées
Les plages sont un rempart
naturel contre les tempêtes.
En accélérant leur érosion,
on se prive de leur protection.
Les côtes sont
moins bien
protégées
Avec l’érosion des côtes, l’eau
de mer s’infiltre via les estuaires,
ce qui salinise et rend les terres
agricoles inexploitables.
Les terres
agricoles sont
en péril
L’exploitation
du sable devient
l’objet d’un trafic
clandestin
Considéré comme une ressource
infinie et gratuite, les faibles
réglementations qui encadrent
l’exploitation du sable sont
facilement contournées à travers
le monde. Corruption des
administrations, guerres de
territoires, exploitation des
travailleurs, dégradations
environnementales, mise en
danger des populations : le sable
est au cœur d'un vaste problème
mondial dont aucune autorité ne
semble vouloir prendre la mesure.
Au Maroc,
la moitié du sable, utilisé
dans les chantiers, soit
10
millions
de m³ par an, provient de
l’extraction illégale sur les côtes.
Le long du littoral marocain,
les « marchands de sable »
n’hésitent pas à recruter
des enfants pour réaliser
ce travail ardu.
En Inde,
deuxième pays consommateur de
sable de construction après la
Chine, l’exploitation et le
commerce de cet or jaune est
tenu par des mafias très
organisées, notamment le long
des côtes du Tamil Nadu dans le
sud du pays. En 2013, face aux
abus des sociétés privées, les
autorités gouvernementales
finissent par prendre des mesures
pour interdire l’exploitation.
Malgré cela, des exploitants
privés ont continué d’exporter
plus de deux millions de tonnes
métriques de minerais dans le
monde entre 2013 et 2016,
notamment vers la Chine, le
Japon, les États-Unis, les Émirats
arabes unis, l’Arabie saoudite,
l’Allemagne et même la France.
Les journalistes indiens qui ont
tenté de mener l'enquête sur le
sujet ont été victimes
d’intimidation et même de
meurtre.
Le Cambodge
est devenu l’épicentre d'un
vaste commerce de sable,
pour répondre aux besoins
gargantuesques de ses voisins
ravageant les écosystèmes locaux
et fragilisant les habitants. La
réalisatrice cambodgienne
Kalyanee Mam, dénonce cette
situation dans un court-métrage
intitulé Lost World.
Elle y montre comment
l’extraction du sable des rivières
de l’île de Koh Sralau a provoqué
l’extinction de la faune et de la
flore, notamment de la
mangrove.
Le documentaire
explique comment le sable
cambodgien a permis de
construire l’Ecoparc de Gardens
by the Bay à Singapour, une
attraction qualifiée de « verte »
par les autorités locales.
Regarder lost world
pour endiguer les dérives liées
à l’exploitation du sable ?
Du côté des États,
on coopère
Le sable manque déjà dans
certaines régions du monde, alors
que la croissance et
le développement de l'Asie
et de l'Afrique s'accélèrent.
Pour lutter contre les dérives liées
à l’exploitation du sable
les États doivent établir
une gouvernance concertée,
sensibiliser et accompagner
les autorités régionales mais aussi
mobiliser les acteurs du secteur.
C’est ce que préconise l’ONU
dans son rapport « Sable et
développement durable : trouver
de nouvelles solutions pour
la gouvernance environnementale
des ressources mondiales
en sable. »
Du côté des
industriels,
on recycle ?
Selon les professionnels du
granulat, l’avenir n’est pas en mer,
mais sur les plateformes de
recyclage. Chaque année, 100
millions de tonnes de granulats
sont récupérées sur les chantiers
de déconstruction du BTP.
L’essentiel de ces gravats sert aux
sous-couches des routes. Mais
des recherches sont menées pour
tâcher de refaire du béton à partir
de ces déchets.
La France produit chaque année
260 millions de tonnes de déchets
issus du BTP, mais seule une
fraction de ces déchets est
recyclée. Pour y remédier, le
programme national Recybeton a
été lancé il y a six ans. L’objectif :
mener des recherches pour
trouver des moyens de réutiliser
l’intégralité des matériaux issus de
bétons déconstruits pour en
fabriquer de nouveaux. Chaque
année,
les chercheurs livrent leurs
préconisations pour améliorer les
pratiques des acteurs du secteur.
Autres axes à
approfondir
Augmenter l’exigence de béton
recyclé dans les cahiers des
charges établis par le secteur
public, particulièrement
consommateur de béton via
son activité de construction
d’infrastructures et de routes.
Utiliser des matériaux alternatifs :
terre, bois, paille et autres
matériaux biosourcés.
Refréner nos envies de
gigantisme : bâtir moins
et moins grand.
LE RAPPORT DE L’ONU
EN SAVOIR PLUS SUR RECYBETON
Et à notre échelle,
que faire ?
On trie ses
déchets de
chantier lorsque
l’on fait des
travaux
Lorsque l’on fait appel à des
entrepreneurs pour des travaux de
construction, de rénovation ou de
démolition, règle des frais pour
l’évacuation des gravats
et la mise en déchèterie.
Mais comme son accès est payant
pour les professionnels, certaines
entreprises peu scrupuleuses se
débarrassent de ces déchets
encombrants dans des lieux non
autorisés.
Plus de 580 décharges
sauvages de gravats ont
été identifiées en France.
Pourtant, les gravats
peuvent se recycler !
Beaucoup de déchèteries
publiques acceptent les gravats
des professionnels à certaines
conditions (volume et prix) mais il
existe aussi des déchèteries
privées pour les gravats.
Les volumes supérieurs peuvent
être pris en charge par un
professionnel.
Vous pouvez alors exiger de
votre entrepreneur qu’il vous
présente un certificat de dépôt
en déchèterie pour vous en
assurer.
Pour trouver un point de collecte
près de chez soi, c’est par ici :
POINT DE COLLECTE
On suit l’enquête
collaborative
internationale
sur les scandales
écologiques
Le « Green Blood Project »
est le fruit d’une enquête
collaborative menée par
le collectif de 40 journalistes
Forbidden Stories.
Les 40 journalistes du réseau
poursuivent les enquêtes de
confrères assassinés pour avoir
voulu révéler le coût
environnemental et humain
de l’industrie minière en Afrique,
en Asie et en Amérique centrale.
En est issu un éco-documentaire
en 4 épisodes à regarder ici :
GREEN BLOOD PROJECT
Une partie de l’enquête porte
notamment sur le décès du
journaliste Jagendra Singh
comme trois autres journalistes en
2015 alors qu’il menait l’enquête
sur le trafic de sable en Inde. Pour
en savoir plus sur l’enquête
menée par Forbidden Stories sur
cette disparition et les exactions
des mafias du sable, c’est par ici :
FORBIDDEN STORIES
On suit de près
les projets
d’extraction de
sable en France
Sur les 356 millions de tonnes de
minéraux extraits en France,
90% sont des graviers et du
sable.
Un des grands projets d’extraction
de sable marin a été autorisé en
2015 dans la baie de Lannion en
Bretagne. Le collectif citoyen « Le
Peuple des dunes » s’empare alors
du sujet pour alerter des risques
pour l’environnement, les activités
de pêche et le tourisme. On peut
les suivre et les soutenir ici :
LE PEUPLE DES DUNES
On regarde
le documentaire
« Sable :
enquête sur une
disparition »
À l’issue d’une investigation
méticuleuse, le réalisateur Denis
Delestrac y relate la bataille à
laquelle se livrent entrepreneurs,
contrebandiers, politiques et
populations locales autour de ce
nouvel or jaune.
Nous emmenant du Maroc à
Singapour en passant par
l’Indonésie, la Floride ou la
France, le documentaire nous fait
comprendre les tenants et les
aboutissants d’un drame
écologique, social et humain qui
pourrait conduire à la disparition
des plages.
VOIR LE DOCUMENTAIRE
Une infographie réalisée par
UN ENVIRONNEMENT
|
ADEME
|
DELESTRAC Denis, Le sable,
Enquête sur une disparition (2013)
|
HIAULT Richard, La guerre
mondiale du sable est déclarée,
LesEchos.fr (24 février 2016)