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INTRODUCTION
CAHIERTECHNIQUE
CLIMATETÉNERGIE
Parallèlement à ce contexte climatique, le développement
urbain a fortement contribué à l’augmentation de la
consommationenénergieet des émissionsdegazàeffet
de serre du pays. Plusieurs dynamiques l’ont façonné :
une expansion non maîtrisée des zones urbaines (de
l’ordre de 60000 hectares par an), unmitage progressif
et une fragilisation des espaces agricoles et naturels,
une augmentation de la mobilité et des déplacements
en voiture, unéclatement des formesd’habitat.
Ces choix réalisés en matière de politiques urbaines
et d’aménagement du territoire ont aujourd’hui des
conséquences environnementales, financières et sociales
reconnues par les décideurs politiques. Ainsi, le bâtiment
est devenu le secteur le plus consommateur d’énergie
en France. Celui des transports le plus émetteur de gaz
à effet de serre. La concentration des populations dans
les zones urbaines est un facteur de renforcement de la
vulnérabilité des villes, de leurs populations, de leur bâti,
de leurs réseauxet infrastructures. Prenons l’exempledes
« îlotsdechaleururbains
2
» :cephénomènepeutentraîner
une surchauffe en milieu urbain dense de plus de 10°C
par rapport à une zone rurale proche. Il illustre bien une
des problématiques spécifiques aux zones urbaines.
Autre exemple : la menace d’inondation par submersion
des logements, infrastructuresetréseaux installésenzone
côtière, dont l’impact économique se chiffre en dizaines
de milliards d’euros. L’urgence climatique et énergétique
conjuguée aux enjeux socio-économiques conduit les
collectivités à s’orienter vers un mode d’urbanisme et
d’aménagement du territoire plus durable qui garantit
unegestionéconomedes ressources et de l’espace.
Les leviers d’actions permettant de prendre en compte
des enjeux énergétiques et climatiques dans les poli-
tiquesurbainessontaujourd’hui nombreux. Ilss’articulent
autour de trois étapes clésduprojet urbain :
- agir en amont des démarches d’urbanisme opération-
nelles. Il s’agit d’intervenir dès la phase d’élaboration
desdocumentsdeplanificationauxdifférentes échelles
deprojet : projetsd’aménagement inter-territoriaux (SCoT,
Chartes), projets de développement urbain locaux (PLU)
et programmes opérationnels (PLH). Ces documents
définissent, à l’échelle du territoire, les facteurs struc-
turants de l’offre et de la demande énergétique locale.
Ils précisent par exemple les actions à mener sur les
formes urbaines, la localisation des activités et des
zones d’habitat, l’organisation des transports et leurs
articulations avec les activités, la gestion des déchets,
etc. ;
- agir lors de la réalisation d’opérations d’aménagement
tels que les lotissements, les zones d’aménagement
concertées (ZAC), les opérations de renouvellement
urbain. Une approche systémique est favorisée, qui
prend en compte les choix énergétiques, la mobilité
de proximité, l’intégration du quartier dans l’espace
environnant, l’orientation des bâtiments, le choix des
matériaux adaptés aux climats présents et futurs,
l’intégrationde trames vertes et tramesbleues (espaces
rafraîchissants enmilieuurbain), etc. ;
- agir dans le cadre de la gestion des espaces urbains.
Les actions à entreprendre peuvent alors être de
développer des transports collectifs de personnes et
de réorganiser l’offre de transports pour une meilleure
desserte, d’améliorer lesperformancesénergétiquesdes
logements sociaux (opération programmée de l’habitat
intégrant un volet énergie par exemple), d’intégrer des
trames vertes et tramesbleues, etc.
Tension sur les ressources et précarité énergétique
A la problématique du changement climatique s’ajoute
celle de la raréfaction des ressources, en particulier des
énergies fossiles. Le prix des énergies fossiles a connu
ces dernières années une hausse importante et les
experts s’accordent à dire qu’elle devrait se poursuivre
3
.
L’augmentation du coût de l’énergie pose le problème
majeur de l’accès de tous, notamment des ménages les
plus modestes, aux services énergétiques essentiels,
telsque leconfort thermiquedu logement et le transport.
Alors que la crise économique vient ajouter ses effets à
ceuxde lacroissancedes prixdes énergies, les situations
deprécaritéénergétiqueaugmentent rapidement.
Ces difficultés d’accès à l’énergie renforcent d’ailleurs
souvent une précarité plus large, liée à l’emploi, à des
dépenses prioritaires de santé, à des dépenses nouvelles
non budgétées, etc. Les mécanismes de formation des
prix fonciers (en particulier le renchérissement du coût
du foncier en centre-ville et à proximité), couplés à la
volontéd’accéder à lapropriété individuelle, ont également
poussé de nombreux foyers modestes à s’installer dans
des logements de faible qualité thermique, loin de leur
lieu de travail et sans accès aux transports en commun.
Le contexte de précarité énergétique, et plus largement
deprécaritéglobale, peut ainsi renforcer les tensionsdéjà
bienprésentes sur les ressources énergétiques.
2 •
Les ICU
correspondent à
desphénomènes
physiques
microclimatiques
caractériséspar
unexcèsdes
températuresen
zonesurbaines
par rapport aux
zones rurales
environnantes.
3 •
L’Institut
d’Étudesdes
Politiques
Energétiques
(IEPE), organisme
de recherche, abâti
trois scénariospour
les20prochaines
années : lepremier
estbasé sur un
maintiendes
politiquesactuelles.
Ledeuxième
envisageque les
Étatsmettent en
placeunepolitique
énergétique forte
conduisant à
une taxationdes
énergiesémettrices
decarbone.
Le troisièmeest
celui d’unecrise
énergétique. Tous
les troisconduisent
àuneaugmentation
importantedes
prixde l’énergie,
pouvant atteindre
jusqu’à 130%pour
legazen2030.