Cahiers techniques de l'AEU2 - N° 7 CLIMAT ET ENERGIE - page 18

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RÉUSSIRLAPLANIFICATIONETL’AMÉNAGEMENTDURABLES
CAHIERTECHNIQUE
CLIMATETÉNERGIE
L’évaluation des impacts économiques associés au
changement climatique est éloquente. La convention
cadre des Nations Unies évalue entre 44 et 166milliards
de dollars par an les coûts globaux de l’adaptation au
changement climatique au niveau mondial
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. En France,
l’Observatoire National sur les Effets du Réchauffement
Climatique (ONERC)apubliéen2009un rapportestimant
que « les coûts pourraient atteindre plusieurs centaines
de millions d’euros par an pour plusieurs secteurs
d’activités encasd’adaptation insuffisante».
Dans sa contribution au Livre Vert sur l’adaptation au
changement climatique, l’Association des Maires de
Grandes Villes souligne la vulnérabilité particulière
des territoires urbains. « La question urbaine doit
nécessairement être prise en compte afin de parvenir à
la définitiond’une stratégie d’adaptation au changement
climatique réellement efficace ». Sont notamment
soulignées « les conséquences du réchauffement
climatique sur le mode de vie [des citoyens], sur leur
santé, sur leur emploi, sur leursmobilités.» ; « Le rôle joué
par les collectivités territoriales doit [ainsi] être souligné
[…]. Lescollectivités territoriales, et les villesenparticulier,
disposent à la fois d’un diagnostic local irremplaçable
mais aussi de très nombreux leviers d’action, enmatière
d’investissement, d’incitationet de sensibilisation.»
Quelques collectivités pionnières se sont déjà saisies
de la problématique d’adaptation de leur territoire au
changement climatique
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, la situation géographique et
les risques récemment avérés conférant à certains
territoires une prise de conscience plus forte. Pourtant
la majorité des territoires français n’enclenche que des
actionsponctuelles.Celles-ci se limitenten règlegénérale
au risquecaniculeet inondationsmaisne renferment pas
de véritable stratégieglobaled’adaptation. Les politiques
d’aménagement ne considèrent que très rarement ces
enjeux, alors qu’il est largement admis que l’on construit
pour 50ou 100ans.
Les premières mesures de réduction de la vulnérabilité
du territoire au changement climatique visent souvent à
réduire la vulnérabilité actuelle : il s’agit d’actions dites
«sans regret». Ilest importantde lesmettreenperspective
à l’aune d’une stratégie de long terme, préventive et
non curative, permettant d’infléchir les processus de
formation de la ville pour
éviter, par exemple dans le cas
degrandesopérationsd’aménagement, des situationsde
mal-adaptation, souvent irréversibles
. L’ONERCsynthétise
cette nécessité par la formule suivante : « Plutôt que de
seulementchercherà réduire les risques, il fautconsidérer
les facteurs explicatifs de l’augmentation des risques,
et s’attaquer à leurs causesoriginelles. »
L’ONERC souligne en outre qu’« il est particulièrement
important de considérer les interactions entre politiques
d’adaptation et politiques de réduction des émissions de
gaz à effet de serre ». Ces deux ensembles de politique
utilisent a priori les mêmes instruments, par exemple
les politiques d’usage des sols, les infrastructures de
transport, les normes de construction, etc. Ils doivent
donc être définis en cohérence au travers de politiques
urbaines adaptées.
Idées-clés
La planification urbaine a un rôle de premier plan à
jouer dans une telle conception de l’adaptation des
villes auchangement climatique.
Les problématiques en contexteurbain
La notion de confort thermique, via notamment la lutte
contre le phénomène d’îlot de chaleur et les besoins de
rafraîchissement induits, ainsi que les risques sanitaires
éventuels pour les populations, sont des problématiques
majeures auxquelles les villes doivent faire face dans
une approche globale d’autres nuisances telles que le
bruit et laqualitéde l’air.
L’îlot de chaleur urbain (ICU) est unphénomènephysique
qui désigne la différence de température observée entre
lesmilieuxurbains (centre-villechaud)et leszones rurales
avoisinantes (périphérie plus fraîche). En plus du climat
local, plusieurs causes liées aumilieuurbain favorisent ce
phénomène : le transfert particulier de la chaleur en ville,
lemodèled’urbanisation, lecomportementdesmatériaux,
laperteprogressivede la végétation et de laprésencede
l’eau, ainsi que les sources anthropiques. La ville dense
fait obstacle aux écoulements d’air favorables au rafraî-
chissement naturel des espaces extérieurs. La végétation
et l’eaumoins présentes qu’en périphérie ne permettent
pas un rafraîchissement naturel suffisant. Les morpholo-
gies urbaines (forme, orientations, espacements) limitent
lespertes radiativesnettesdesbâtiments et des rues.
Bien que vulnérable à l’ICU, la ville peut néanmoins
bénéficier de leviers d’action pour agir sur les causes
relevant de la conception urbaine, à la fois en amont lors
de laplanification, mais aussi en améliorant les construc-
tions existantes.
17 •
À titrede
comparaison,
l’aidepubliqueau
développement des
étatsmembresde
l’OCDE s’est élevée
en2009à 120mil-
liardsdedollars.
18 •
L’adaptation
d’un territoireest
alorsdéfiniepar
l’ONERCcomme
« lacapacité
d’ajustement face
auxchangements
climatiques (y com-
pris à la variabilité
climatiqueet aux
extrêmes clima-
tiques)».
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