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RÉUSSIRLAPLANIFICATIONETL’AMÉNAGEMENTDURABLES
CAHIERTECHNIQUE
ÉCOSYSTÈMESDANSLESTERRITOIRES
Coefficient debiotope àParis
Paris dispose de 5,8m
2
ou 14,5m
2
(en comptant les
bois de Boulogne et Vincennes) d’espaces plantés par
habitant. Amsterdam en compte 36m
2
, Londres 45m
2
,
Bruxelles 59m
2
, Madrid 68m
2
, Vienne 131m
2
ou Rome
321m
2
. Après réflexionet concertation, laVilledeParis
a décidé d’introduire dans sa réglementation urbaine
unconceptnouveau, le«coefficientdebiotope»oude
végétalisation des constructions dans la ville. Ce type
de coefficient était déjà appliqué dans plusieurs villes
d’EuropeduNord.
Cette règle appliquée dans le PLU de Paris depuis
2006, consiste à compenser le déficit de végétation
dans certains quartiers, par un coefficient qui impose
des plantations en pleine terre, ou des plantations le
longdesmurs, sur lesmurs, ou sur les toitures. Les fu-
tures constructions et les réhabilitations importantes
doiventdorénavant intégrerdans leursprojetsuncoef-
ficient de végétalisation, oucoefficient debiotope.
Ce taux sera d’autant plus important que le quartier est
pauvre en espaces verts et en végétation. Ce coefficient
cherche à concilier quantité et qualité, puisque l’indice
seracalculénonseulementen fonctionde lasurfacede la
couverture végétale,mais également de laqualitédu sup-
port.
Dans le nouveauPLU, la possibilité de réaliser tous les
espaces libres sur dalle est supprimée. Le constructeur
est tenu d’aménager en pleine terre 40% des espaces
libres. Il doit en outre créer des surfaces végétalisées
supplémentaires selon la zone de déficit végétal dans
laquelle se situe le terrain (20 ou 30% des espaces
libres). S’il ne peut pas aménager cette surface
supplémentaire en pleine terre il devra « végétaliser »
laconstructionpardes toits-terrasseplantés, desmurs
végétalisés, etc.
Au-delà d’une volonté de compenser les carences de
l’environnement urbain en matière d’espaces verts
et de végétation, cette démarche témoigne d’une
nouvelle appréhension de la place des écosystèmes
dans lepaysageurbain.
Lutter contre les effets de l’îlot de chaleur urbain
L’ilôt dechaleur urbainest lamiseenévidenced’une tem-
pérature enmilieu urbain plus élevée que dans les zones
rurales voisines, en particulier la nuit, car le rafraichisse-
ment(déterminantpour leconfortet lasantéenpériodede
canicule) est insuffisant. Il est dû à la concentration de
l’activité humaine et à la modification de la surface du
sol (imperméabilisation par des goudrons, des bâtiments,
etc.) qui reflète et absorbe les rayons du soleil différem-
ment d’un milieu naturel. Ce phénomène peut aggraver
lesépisodesdecaniculeet affecter labiodiversité, enmo-
difiant lemicroclimat local.
Des réponses sont aujourd’hui identifiées dans les projets :
végétalisation des pieds de façades exposées, optimisa-
tionde l’évapotranspirationpar du revêtementnon imper-
méable,destoituresetdesfaçadesvégétales,dessurfaces
humides (exemple : fontainerie spécifique), etc. Toutefois,
l’effet inversepeut seproduire.Parexemple, unarbrepeut
fairebaisser la température sous soncouvert deplusieurs
degrés dans la journée, et stocker de lachaleur auniveau
dusol, cequi peutperturber le rafraîchissementnocturne,
en coupant le rayonnement infrarouge vers le ciel. Cela
peut contribuer à la formation de brouillards et modifier
les échanges gazeux (cas de la fin de l’été, les sols ayant
stocké lachaleur et l’air étant plus frais).
Par ailleurs, il convient aussi de tenir comptede l’effet de
masse ; un arbre, une fontaine ont des effets limités sur
la température et l’hygrométrie. Une grandemasse d’eau
(mer, lac), une forêt vont à la fois influencer les tempé-
ratures, l’hygrométrie et la circulation des masses d’air :
brisedemer oude terre sur le littoral, brisesdecampagne
sur les villes, etc.
C’est sur l’ensemble de ces éléments que s’appuient les
villes qui se sont engagées dans des réflexions prospec-
tives sur le rafraichissement urbain.
Cartographiedes îlots de chaleur urbain
Afindemesurer l’ilot dechaleur urbain, il existeplusieurs
outils :
- letranseptdestempératuresdesurface.Letranseptper-
metparsimplemesuredestempératuresdevisualiser les
éventuellesdifférencesde températuresentre lecentre-
villeet lacampagne ;
- la télédétection (analyse de bande thermique de Land-
sat). Elleconsisteà traduire les radiationsémisespar les
matériaux en variations de températures de surface de
cesmatériauxendegréCelsius ;
- lescartesd’iso-rayonnementqui permettentdemesurer
lespotentialitésd’ICUparparcellecadastrale.
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