Cahiers techniques de l'AEU2 - N° 1 AMBIANCES URBAINES - page 34

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RÉUSSIRLAPLANIFICATIONETL’AMÉNAGEMENTDURABLES
CAHIERTECHNIQUE
AMBIANCESURBAINES
Protéger les publics fragiles face
aux événements climatiques extrêmes
L’aggravation des événements climatiques extrêmes liée
au changement climatique fait émerger de nouveaux en-
jeux en termes de santé publique et incite à développer
unenouvelleculturedu risque. Lacaniculede2003, qui a
provoquéprèsde20000décèsenFranceselon l’INSERM,
aétéunévénement déclencheur pour lapriseen compte
de lanécessitédedévelopper des stratégiesd’adaptation
aux problèmes liés au climat. A celle-ci s’ajoutent les fré-
quentes inondations dans le Gard, et notamment celles
de 2003, ou encore lephénomènede submersionmarine
provoquéeen2010par la tempêteXynthia.
La planification urbaine et l’aménagement doivent ainsi
tenir compte des risques connus et des catastrophes
naturelles déjà survenues, mais aussi anticiper le risque
d’événements climatiquespour le siècleà venir.
Dans cette optique, le Plan National d’Adaptation au
Changement Climatique 2011-2015
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propose 5 mesures
visant à prendre en compte l’impact du changement cli-
matique sur les risques naturels dans la maîtrise de l’ur-
banisation :
- prendre en compte des impacts potentiels du change-
ment climatique dans les documents d’urbanisme de
typeSCoTouPLU ;
- intégrer le changement climatique dans les documents
d’information réalisés par l’État en vue de l’élaboration
par les maires de leur document d’information commu-
nal sur les risquesmajeurs (DICRIM) ;
- préciser les modalités de révision des plans de préven-
tiondes risquesnaturels (PPRN)pourprendreencompte
les impactsduchangementclimatique, à l’occasionde la
définition réglementairedes aléasde référence ;
- prendre en compte l’impact du changement climatique
sur le niveau de la mer dans la révision de la doctrine
relativeauxplansdepréventiondes risques littoraux ;
- prévoir, dans lecadrede lamiseenœuvrede ladirective
inondation, un volet stratégique « adaptation au chan-
gement climatique»dans les stratégies locales.
Il est par ailleurs important de relever l’inégalité des per-
sonnes faceaux risquesclimatiques.Unepriseencompte
des publics les plus exposés est donc nécessaire. Par
exemple les personnes âgées sont particulièrement sen-
sibles aux épisodes de chaleur extrême (elles ont été for-
tement touchées lors de la canicule de 2003, avec une
surmortalité de +70%). Les enfants ou les personnes af-
fectéespardesmaladies respiratoiresserontquantàelles
trèsexposéesauxeffets combinésde lapollutionurbaine
et de l’effet d’ilot dechaleur.
L’étudedumicroclimaturbainet de sesmodificationsdoit
ainsi intégrer la question de l’exposition des populations
aux risques induits.
ETUDESUR LES ÎLOTSDECHALEUR
URBAINS, GRAND LYON
Les trois agences d’urbanisme de Rhône-Alpes, impli-
quées dans les Plans Climat Energie Territoriaux de Lyon,
Grenoble et St-Etienne, ont développé un programme de
travail en commun autour de l’identification des îlots de
chaleur urbain. Lesbesoins communs identifiés étaient :
- à l’échelle de l’agglomération : une cartographie des
quartiers les plus exposés au phénomène, permettant
dedessiner un«paysage thermique» ;
- à l’échelle des projets urbains : des méthodes plus pré-
cises et des solutions partagées pour intervenir sur les
bâtimentset lesespacespublics, enneuf ouen tissuur-
bainexistant.
Ce travail doit permettre à la fois d’alimenter les Plans
Climat Territoriaux, de préparer l’intégration d’exigences
dans les PLU et d’identifier des expériences pilotes à
valoriser.
Achevée enOctobre 2010, l’étude réalisée sur l’agglomé-
rationduGrandLyonaporté sur trois axes :
- l’identification des risques d’îlot de chaleur urbain sur
l’agglomération lyonnaise. L’étude s’est notamment ap-
puyée sur l’imagerie satelliteLandsat et l’utilisationd’un
logiciel libre de SIG (GRASS), pour produire des images
qui mettent en évidence les écarts de températures de
surfacedesmatériaux. Les zonesde formationprobable
des îlotsdechaleur urbains ;
- l’évaluation de l’exposition et de la vulnérabilité des po-
pulations de l’agglomération. Apartir des secteurs iden-
tifiés comme soumis au phénomène d’îlot de chaleur,
l’étude a permis de déterminer qu’environ 600.000 ha-
bitantsde l’agglomération sont concernéspar lephéno-
mène. 11.000personnes sont potentiellement exposées
àdes températures extrêmes encasdecanicule ;
- la proposition de mesures de résorption. Elles portent
sur différents paramètres permettant de réguler l’effet
d’îlot de chaleur urbain. A l’échelle des agglomérations,
elles portent avant tout sur le renforcement ou la créa-
tion d’espaces verts ou naturels de grande envergure.
A l’échelle du quartier, de la rue et de l’espace public,
ellesportent sur lechoixdesmatériauxau regardde leur
albédo, la configuration des rues et des masses bâties
pour gérer les apports solaires et le vent, la végétalisa-
tion des espaces et la présence de l’eau, etc. A l’échelle
du bâtiment, elles portent sur des solutions comme la
climatisation naturelle, les toitures réflectives ou végé-
talisées, lacréationdebassinsd’eauen toiture, debrises
soleil en façade, etc.
En savoir plus :
8 •
PlanNational
d’Adaptationau
Changement Clima-
tique,Ministèrede
l’Ecologie, duDéve-
loppementDurable,
desTransports et
duLogement, aces-
sibleà l’adresse
suivante :
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