Cahiers techniques de l'AEU2 - N° 4 ECOSYSTÈMES DANS LES TERRITOIRES - page 12

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RÉUSSIRLAPLANIFICATIONETL’AMÉNAGEMENTDURABLES
CAHIERTECHNIQUE
ÉCOSYSTÈMESDANSLESTERRITOIRES
LESENJEUXPOURLESTERRITOIRES
Maintien et développement de la biodiversité,
essentielle
au fonctionnement des écosystèmes et aux différents
services qu’ils assurent. Il s’agit de la déclinaison de l’enjeu
global à l’échelledu territoire.
Préservation des sols et optimisation de leur usage.
Long-
temps considéré comme un simple support de l’activité
humaine (agriculture, urbanisation), le sol assure de nom-
breuses autres fonctions : lieu de vie, infiltration et filtra-
tionde l’eau, stockagedes polluants, cycles du carbone, de
l’azote, du phosphore, du potassium etc. La formation des
sols est très lente alors que leur transformation est très
rapide. Avec l’explosion de l’urbanisation aux dépens des
surfaces naturelles et agricoles, les sols ont été fortement
imperméabilisés et ne peuvent plus remplir leurs fonctions
naturelles. Les solsurbains sont considérés comme les plus
pauvres. Toutefois, àpartir dumoment où il restede lama-
tière organique et où il y a de l’humidité et de l’air dans le
sol,mêmeconstituéde remblais,mêmesousunecouchede
bitume, les phénomènes de pédogenèse ont lieu et il reste
de la«vie» (microfloreaminima).
Intégrationdes espacesnaturels et des espaces aménagés
de nature en ville.
Ils offrent des services de régulation
et participent à la qualité du cadre de vie. Les espaces
naturels ont longtemps été au cœur des politiques de
protection et fait l’objet de politiques parfois très strictes
de conservation (aires protégées, parcs nationaux, etc.).
Aprésent, on favorise l’accèsà lanature, lieu récréatif etde
loisirs pour les urbains. Ce changement culturel impose de
nepluss’intéresserqu’auxseulsmilieuxnaturelsàpréserver
pour considérer aussi la«natureordinaire» (autreque rare,
remarquable,protégée)etson intégrationausystèmeurbain
en laprotégeant (trameverteetbleue, gestiondifférenciée,
«zérophyto», etc.). Lapréservationdoitêtrecomplétéepar
la reconstitution de milieux susceptibles d’accueillir cette
nature ordinaire : milieux humides, espaces verts publics,
jardins familiauxoupartagés, bâti.
Renforcementde l’agricultureurbaineetpériurbaine respec-
tueuse des écosystèmes,
et les services rendus notamment
en matière d’approvisionnement. L’agriculture nécessite la
transformation des espaces naturels. La politique d’inten-
sification, menée notamment en France depuis le milieu
du vingtième siècle, a des conséquences particulièrement
lourdespour ladiversitédes territoires, pour labiodiversitéet
pour laqualitédes sols. Lesnouveaux typesd’agriculturequi
se développent à proximité ou au seindes villes permettent
l’alimentationde lapopulationurbaineenproduits fraisendi-
minuant lesdistancesde transport.Cespratiquesnecoûtent
pas nécessairement plus cher à l’investissement (agriculture
raisonnéeoubiologique)maisne sont rentables qu’à travers
lesservicesqu’ils rendentà long terme.
PRISEENCOMPTEDES
ÉCOSYSTÈMESDANSL’URBANISME
Les changements d’approche des professionnels
pour
considérer les écosystèmes en urbanisme proviennent
de plusieurs disciplines. Le développement de l’approche
écosystémique du territoire facilite l’intégration des éco-
systèmesdans lesprojets.
L’écologie urbaine
vise à intégrer les enjeux environne-
mentaux dans les politiques territoriales. Elle s’intéresse
auxorganismesvivantsenzoneurbaine, notammentdans
les espaces verts publics et privés, ainsi qu’aux animaux
sauvages des milieux urbains et périurbains. Elle a ainsi
contribuéà intégrer labiodiversitéet lavégétationdans le
bâti et laplanificationurbaine, àprendreenconsidération
lepotentiel écologiquedes frichesurbaineset à s’intéres-
ser à la résilience écologique. Elle cherche à conserver
une place pour la biodiversité en ville, avec des continui-
tés pour lutter contre la fragmentation écologique et un
environnement nocturne limitant lapollution lumineuse.
Les approches paysagères
apportent une diversité de
« points de vue » sur les territoires : esthétique, géogra-
phique, culturel et biogéographique. Les paysages té-
moignent despolitiquesd’aménagement du territoire, po-
litiques agricoles et politiques urbaines. Leur conception
participedirectementà laqualitédesambiancesurbaines
(perception visuelle, sonore ou olfactive). La Convention
Européenne du Paysage, entrée en vigueur en France en
2006, met enavant sonutilité socialeen tant qu’élément
de la qualité de vie des populations, du bien-être indivi-
duel et social. Elle insiste également sur la nécessité à
toutes les échelles demettre en place des dispositifs de
participationdupublic, desautorités localeset régionales,
et des autres acteurs concernés par la conception et la
réalisationdespolitiquesdupaysage.
L’écologie du paysage
est à la croisée de ces deux disci-
plines pour comprendre les relations entre les fonction-
nements écologiques et la structure et l’organisation des
paysages. Elle prend en compte les relations spatiales
entre les éléments du paysage, l’histoire et la gestion ac-
tuelle en lien avec les activités humaines. Elle est à l’ori-
gine de la conception actuelle de la conservation, basée
sur la complémentarité entre des zones protégées, des
zones tampons, des corridors et l’espace non réglementé
(paysagesordinaires).
Ces approches ont conduit à définir des principes de dé-
veloppement etd’aménagementdu territoireurbain (den-
sification et intégration des écosystèmes) à différentes
échelles (réseauxdecirculation, espacesurbanisés, bâtis)
et à adapter la composition paysagère dans un souci de
cohérenceet dediversitédans lesprojetsd’urbanisme.
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