Cahiers techniques de l'AEU2 - N° 4 ECOSYSTÈMES DANS LES TERRITOIRES - page 13

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L’approche écosystémique dans la pratique
urbanistique
Labiodiversité
est liéeà lamiseenœuvrede la réglemen-
tation (trames vertes et bleues) à l’échelle de la planifi-
cation ainsi qu’à la conception des espaces publics et du
bâti à l’échellede l’aménagement. Il s’agitdeproposerdes
préconisations sur le maintien des conditions d’accueil
du vivant, du grand territoire au bâti. Le maintien des
écosystèmes locaux passe par un traitement et une ges-
tion adaptée des espaces naturels et des espaces amé-
nagés (artificialisés) de nature en ville, ainsi que par des
connexions auniveaud’un territoire.
Les sols
sont àenvisager commeune ressourcenaturelle,
unhabitatpour labiodiversité (bactéries,mycètes, algues,
lombriciens, collemboles, etc.), un support de production
(ex. biomasse, denrées alimentaires), un substrat pour
des végétaux qui pourront jouer un rôle de phyto-épura-
tion des eaux voire de l’air, et pas seulement comme une
réserve foncière pour l’aménagement et la construction
(ex. réutilisationde friches, de sitesou solspollués
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). Leur
usagedoit êtrecohérent avec leursqualités.
Les espaces naturels ou végétalisés et l’eau
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contribuent
à l’adaptation de la ville au changement climatique et
inversement, il est préconisé une adaptation des trames
vertes et bleues et des espaces verts des villes au chan-
gement climatique, en relation avec l’augmentation des
risques naturels
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(notamment retrait/gonflement des ar-
giles, incendies, crues/inondations, tempêtes) et l’effet
d’îlot de chaleur urbain (ICU). Ils participent à la qualité
dupaysage.
L’agriculture urbaine et périurbaine
contribue à la maî-
trise de l’étalement urbain à l’échelle de la planification
territoriale et urbaine (densité, compacité, intensité) et à
l’émergence d’une économie locale (circuits courts) tout
en favorisant labiodiversité, sous réserve toutefoisdepra-
tiques culturales appropriées. Cette réserve vaut aussi à
l’échelle du projet urbain et de l’aménagement pour les
espaces vertspublics et privés, et les jardins familiauxqui
nécessitent des sols adaptés et une gestion différenciée
et écologique.
Dessynergiesetdesantagonismespotentiels
Stopper l’érosion de la biodiversité, éviter ou limiter la
consommation d’espaces naturels ou agricoles par l’urba-
nisation dans les projets urbains, c’est préserver la diver-
sité du vivant (flore et faune), la qualité du cadre de vie
(intérêts paysager et récréatif) et de la ressource en
eau (rôle des zones humides), préserver d’autres usages
(pharmaceutique,alimentation,etc.),etprotéger lessecteurs
des inondations (rôledes zoneshumides).
Cela se traduit concrètement dans les projets par la
recherche de synergies entre préoccupations envi-
ronnementales et réponses à la demande sociale et
économique, entreprincipesdedéveloppement et d’amé-
nagementurbainset réponses techniques.Maiscertaines
exigences peuvent sembler contradictoires en termes
de gouvernance, de conception urbaine et/ou technique
ou de gestion. Dans les projets, cela conduit souvent à
réaliser des arbitrages sur la base d’une approche coûts/
bénéfices (environnementaux, sociaux économiques) entre,
par exemple :
- protection et valorisation - appropriation. Les protec-
tions visant les espaces naturels permettent de préser-
ver des réservoirs de biodiversité mais peuvent aller à
l’encontredumaintienoududéveloppement des activi-
tés agricoles oude l’appropriationde ces espaces par le
publicà l’échelledugrand territoireet duprojet urbain ;
- valeur écologiqueet valeur foncière. Lemaintiende sols
nonartificialisésenmilieuurbainoupériurbainaméliore
le bilan carbone et la gestion des eaux pluviales mais
entre en concurrence avec d’autres usages (habitat,
activités économiques) ;
- production et pollution. L’objectif de production agri-
cole ou la mise en réserve d’espaces de nature en ville
se heurtent parfois aux caractéristiques et à la pollu-
tiondes sols. Le traitement doit être fait en fonctionde
l’usage, et l’usageadaptéà laqualité ;
- conceptionetgestion. Lavégétalisationdesespacespu-
blics contribue à la réduction de l’effet d’îlot de chaleur
urbain et à l’amélioration des ambiances urbaines mais
leur entretiendoit êtreanticipé ;
- différentes solutions techniques, pour autant de ser-
vices. La végétalisation du bâti, et des toitures en par-
ticulier, participe à la rétention des eaux pluviales et
à l’isolation thermique des bâtiments. En revanche,
elle peut favoriser le développement d’insectes (dont
beaucoup sont peuappréciés) et entrer enconcurrence
avec laproductiond’énergies renouvelables, et l’installa-
tion de panneaux solaires en particulier. Certaines col-
lectivités
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aident à l’installationde toitures végétalisées
enproposantdes subventions souscertainesconditions.
7 •
Pour les
questionsde
remédiationet
dedépollution, se
reporter au volet
Sols et sitespollués
duguideRéussir
laplanificationet
l’urbanisme
durable,
éd. ADEME -
LeMoniteur, 2013.
8 •
Pour lesques-
tionsdequalitéet
degestionde l’eau,
se reporter au volet
EauduguideRéus-
sir laplanification
et l’aménagement
durables,
éd. ADEME -
LeMoniteur, 2013.
9 •
La logique
réglementairedes
PlansdePrévention
desRisques (PPR)
n’est pas abordée
dans cecahier
10
DÉFINITIONSETENJEUX
CAHIERTECHNIQUE
ÉCOSYSTÈMESDANSLESTERRITOIRES
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