ÉCOSYSTÈMESDANSLESTERRITOIRES
ÉLÉMENTSSTRATÉGIQUESDANSUNEDÉMARCHEAEU
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28.
Laportance
peut êtredéfinie
comme la capacité
d’un sol à supporter
lapression exercée
par des pneus, des
chenilles, les pieds
d’unhommeou les
sabots d’un animal.
Cettepression est
calculée sur labase
du rapport entre la
masse et la surface
sur sol.
29.
;
Considérer les sols
dans les études préalables
Les sols sont caractérisés par plusieurs aspects :
géotechnique, archéologie, portance
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, perméabi-
lité,capacitéàporterduvivant,potentiel intrinsèque
en biodiversité. Les études de sols habituellement
réalisées à l’occasion de lamise enœuvre de pro-
jets en traitent une partie pour évaluer les risques
(sismiques, mouvements de terrain, pollution dans
le cas de sols anthropisés), préserver le patrimoine
archéologique, déterminer les types de fondation
des bâtiments, évaluer les capacités d’infiltration
des eaux pluviales, prévoir la gestion des terres
polluées et excavées. Le changement d’affectation
des sols est souvent considéré sous l’angle écono-
mique et de la faisabilité : maîtrise foncière, oppor-
tunités et contraintesde constructibilité.
Les connaissances manquent sur la capacité des
sols à porter du vivant et sur leur fertilité vis-à-vis
des plantes ainsi que leur potentiel en biodiver-
sité. Le sol est vivant, c’est un habitat (bactéries,
mycètes, verres de terre, collemboles, larves d’in-
sectes, etc.), un lieu de stockage des graines pour
les végétaux. Il assure des services écosysté-
miques (production de biomasse, agriculture). La
prise en compte des fonctions biologiques du sol
et des cartographies pédologiques adaptées aux
projets est indispensable.
Optimiser l’usagedes sols
La connaissance des sols urbains permet de pré-
server la biodiversité et d’optimiser les usages de
l’espaceen fonctionde laqualitédes sols. L’optimi-
sation permet de limiter l’artificialisation. La mise
en réserve peut être envisagée si elle est adaptée
à la qualité et aux caractéristiques des sols (dont
leur potentiel en biodiversité) ; elle tient compte
de l’usageprojeté, qui peut rendrenécessairesdes
investigations plus poussées : analyse biologique,
analyse de profils, comptage de la faune du sol,
indicateurs de qualité. En cas d’implantation de
production alimentaire, il convient par exemple
d’être vigilant sur le remaniement et/ou la pollu-
tiondes sols, les intrantsutilisés. Undiagnosticdes
sols et des eaux doit être réalisé afin de caracté-
riser finement les pollutions (nature et concentra-
tion) et les travaux nécessaires pour rendre le sol
compatible avec l’usageprojeté.
La connaissance des sols peut aussi initier des
démarches innovantes dans les aménagements,
avec la mise en place de mesures compensa-
toires lorsque des sols non anthropisés sont
imperméabilisés. Elle permet de prévoir les traite-
ments préalables : bioremédiation de sols pollués
par des hydrocarbures, décompactage ou amélio-
rationdu statut humiquedu sol lorsde la reconver-
siond’une friche industrielle enparcpar exemple.
Concevoir et réaliser des espaces urbains
à fort potentiel écosystémique
Lorsqu’une TVB traverse un secteur voué à l’urba-
nisation, elle peut suivre une zone humide, des
trames bocagères, etc. L’objectif est de (re)créer
des espaces assurant plusieurs fonctions : hydrau-
lique (circulation, stockage d’eaux pluviales),
paysagère (esthétique des lieux, itinéraires, axes
de vues, diversité des ambiances) et écologique
(contexte favorable à la biodiversité). Il faut tenir
compte des menaces spécifiques qui pèsent sur
les conditions de vie des espèces et le maintien
des écosystèmes à l’échelle locale, y compris dans
les sols.
Les dispositifs de gestion des eaux pluviales
deviennentdesespacesouverts tantpour labiodi-
versité que pour les riverains, et viennent enrichir
l’environnement paysager et laqualitédevie sur le
site. Les processus de renaturation en lien avec un
ouvrage de gestion des eaux pluviales imposent
une vigilance particulière sur les besoins de ges-
tion et d’entretien dans le temps. Sans pluie, cer-
tainesespècesayantbesoind’eaupour s’implanter
durablement peuvent disparaître.
La conception, la réalisation et la gestion des
espaces urbains végétalisés (espaces verts
publics, cimetières, jardins privés, partagés, fami-
liaux), et la gestion des milieux naturels doivent
appréhender ces lieux en tant que réserves de
biodiversité et facteurs d’adaptation au change-
ment climatique, en regard de leur valeur d’usage
et des sujétions d’entretien. L’introduction de cer-
taines espèces végétales en ville nécessite une
démarchepédagogiquepour êtremieux acceptée
(peur des insectes, notion de propreté, allergies,
etc.) ou une attention particulière (plantes inva-
sives). Les palettes végétales doivent être adap-
tées pour garantir la reprise des végétaux plantés
sans coûts d’aménagement et d’entretien élevés,
par exemple : irriguer en sols filtrants, drainer en
sols hydromorphes, chauler en sols acides. Seules
seize espèces végétales présentent véritablement
un risque allergène pour les populations vivant
en ville (le bouleau par exemple) lorsqu’elles sont
concentrées. Il est donc essentiel de prévoir une
compositionpaysagère variée
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