Cahiers techniques de l'AEU2 - N°3 ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES - page 12

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RÉUSSIRLAPLANIFICATIONETL’AMÉNAGEMENTDURABLES
CAHIERTECHNIQUE
ACTIVITÉSÉCONOMIQUES
L’économie de la fonctionnalité
renvoie à la notion de
dématérialisation de l’économie, en passant de la notion
de possession d’un bien à celle de son usage. Le rôledes
institutions publiques peut êtredéterminant. Un exemple :
le vélo en libre-service (Vélo’V à Lyon, Vélib à Paris, etc.).
L’entreprise ne vend pas aux usagers des vélos mais
l’utilisationdeceux-ci : il ne s’agit pasdeproduiredes vélos
mais de développer leur usage. Pour l’entreprise, cela
signifie notamment une diminution de la consommation
dematière : il est dans son intérêt que les vélos ne soient
pas remplacés trop fréquemment. L’augmentation de la
robustesse des vélos, de leur capacité à être réparés ou
encore ladiminutionde l’entretiennécessairedeviennent
des facteurs essentiels et contribuent à la compétitivité
decemodèleéconomique.
Le bien-être des populations
est au cœur des préoccu-
pations des élus, au-delà de la seule production écono-
mique, comme en attestent les travaux de l’OCDE
5
, ceux
du Conseil de l’Europe
6
, ou bien encore ceux de l’univer-
sité-UPMF
7
. Ces travaux concluent à l’urgencepour notre
système statistique de mettre davantage l’accent sur
la mesure du bien-être de la population que sur celle
de la production économique. Le bien-être inclut alors
« lesconditionsdeviematérielles (revenus, consommation,
richesses), la santé, l’éducation, les activités personnelles
dont le travail, la participation à la vie politique et gou-
vernance, les liens et rapports sociaux, l’environnement
(état présent et à venir), l’insécurité tant économiqueque
physique. […] Les dimensions objectives et subjectives du
bien-être sont toutes les deux importantes »
8
. Lapriseen
compte des inégalités est importante tout comme celle
de la soutenabilité (notamment environnementale), c’est-
à-dire « la question de savoir si le niveau actuel de bien-
êtrepourra être si cen’est augmenté, aumoinsmaintenu
pour lesgénérations à venir »
9
.
Ces nouveaux concepts économiques changent la
donne en matière d’urbanisme. Il ne s’agit pas ici
d’opposer les modèles économiques classiques
avec les nouvelles approches, mais biendeprendre
encompteque les logiques économiques sontmul-
tiples et croisées. Désormais, la prise en compte
des activités économiques dans l’urbanisme doit
intégrer ladimensionendogène, aussi bienen s’ap-
puyant sur les ressourcesdu territoire, que sur l’ob-
jectifde renforcer laqualitédeviedespopulations.
Les nouveauxusages et comportements
des consommateurs
L’attente des consommateurs
est, en matière de com-
merce et de services, la pièce centrale autour de laquelle
l’offre doit se construire. Il existe toujours le service de
base et le service supplémentaire. Si les entreprises ont
unservicedebaseperformant, l’attenteportesouvent sur
les services complémentaires. On distingue trois catégo-
riesde services supplémentaires :
- les services facilitants comme les informations, la prise
decommande, la facturation, etc ;
- les servicesde soutien : conseil, hospitalité, sécurité ;
- les services commerciaux : informations, animations
(« fun shopping »
10
), infrastructures spécifiques pour
enfants ou personnes à mobilité réduite, services de
bus gratuit vers la ville, restaurants, services des objets
trouvés, couponspromotionnels.
Les consommateurs expriment également d’autres attentes,
tellesque lebesoindesevoiroffrirunevariétédecommerces,
une orientation facile, une accessibilité, un renouvellement
descommerces, laqualitédesespacespublicset desefforts
dedécorarchitectural.
Plusieurs élémentsdoivent ainsi êtrepris encomptepour
évaluer la réussitedesprojets :
- ladimensioncognitive liéeà la satisfaction tiréede
l’expérience ;
- ladimensionaffective, c’est-à-dire leplaisir liéà l’utilisation ;
- la dimension conative, qui indique comment la satisfac-
tion va influencer lecomportement duconsommateur.
Cetteconnaissanceducomportement duconsommateur,
et la prise en compte de ses attentes invitent à recentrer
les priorités en matière d’urbanisme. L’attractivité des
espaces peut être renforcée notamment en introduisant
desespacesculturels, en renforçant les servicesdeproximité
et les infrastructuresde transport et en limitant les effets
du zonage. Lamixité fonctionnelleest essentielle :mixité
des emplois, de l’habitat, des commerces et des services.
Ilestaussinécessairederééquilibrer lesusagesauseindes
quartiers, de ralentir l’étalement urbain et de revaloriser
lespôlespériphériques.
5 •
Construction
d’un tableaude
bordavecdes
indicateursdu vivre
mieuxpour «aller
au-delàduPIB».
6 •
Méthode
SPIRALpour
l’élaboration
concertéed’indi-
cateursdeprogrès
pour développer la
coresponsabilité
des acteursd’un
territoireoud’une
institutionpour le
bien-êtrede tous.
7 •
Projet IBEST sur
les indicateursde
bien-être soute-
nable territoriaux.
Ces travaux font
suiteàceux sur les
indicateursdebien-
être territoriaux
tels initiéspar
Viveret (2002) et
développéspar la
commissionStiglitz
(«Commission
sur lamesuredes
performances
économiques
et duprogrès
social », 2009) qui
avait été réunie
à lademandedu
Président Sarkozy
afindecompléter
l’approche
reconnuepeu
pertinenteduPIB.
8 •
Rapport de la
Commission sur
laMesuredes
Performances
Economiques et
duProgrèsSocial
(CMPEPS) dite
CommissionStiglitz
(septembre2009),
p.16. La listeest
établieàpartir
des travauxde
rechercheexistants
et de l’étude
d’initiativesdans le
monde.
9 •
Rapport de la
Commission sur
laMesuredes
Performances
Economiques et
duProgrèsSocial
(CMPEPS), p.18.
10 •
Voir focusp.13.
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