Cahiers techniques de l'AEU2 - N°3 ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES - page 17

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DÉFINITIONSETENJEUXDESACTIVITÉSÉCONOMIQUES
CAHIERTECHNIQUE
ACTIVITÉSÉCONOMIQUES
Dans les années 2000, les impératifs du développement
durable, la perception de la ville comme la structure du
vivre ensemble ainsi que le développement des inter-
communalités exigent un engagement de plus en plus
important des collectivités locales dans la définition des
orientations de ces zones, appelées parcs d’activités
économiques lorsqu’ils bénéficient d’un aménagement
global cohérent. Apparaissent ainsi les centres commer-
ciaux dits écologiques ou « hyper verts », qui traduisent
une certaine volontémarketing d’intégrer les aspects du
développement durable. Cependant ce changement de
paradigme reste difficile à opérer : le modèle américain
des grands centres commerciaux, répondant aux divers
besoins de la vie quotidienne (« lifecenters ») et dévelop-
pé autour du shopping, est encore très présent (Centre
commercial Odysséum à Montpellier). Par ailleurs les la-
bels se développent pour les centres commerciaux (Lyon
ConfluenceouCarréSénart àMelun).
Plusieurs tendances semblent émerger : la revitalisation
du centre-ville, l’aménagement des périphéries autour
d’un centre commercial plurifonctionnel à proximité de
zones résidentielles ou de secteurs d’emploi (Carré de
la soie à Lyon, La Toison d’Or à Dijon, Meydan Shopping
Square à Istanbul), ou bien l’installation des zones d’ac-
tivités économiques auprès des interfaces multimodales
comme les gares, les aéroports, les nœuds de transport
urbains.
Le saviez-vous ?
Les surfaces dédiées aux activités économiques repré-
sentent en France près d’un tiers des surfaces urba-
nisées, avec une croissance en accélération depuis le
milieudesannées2000 (MAAP, Terruti-Lucas).Pourtant,
plusdes3/4desemploissesituenthorszonesd’activités.
Lanouvelledonnedes villes poly-centrées
Lemodèle de ville poly-centrée oumultipolaire intéresse
aujourd’hui de plus en plus. Le développement des acti-
vités de proximité et l’accroissement du rôle du citoyen
dans la décision publique renforcent cette exigence de
pôles multiples. C’est ainsi que la symbolique de la cen-
tralitéurbaineaévoluéet peut êtredifférenciée selon les
fonctions : politique, économique, sociale, commerciale
ouaccessibilité.
Selon des enquêtes faites auprès de villes moyennes
20
,
la répartition des emplois et des surfaces commerciales
est nettement différenciée entre les centres-villes et les
zonesd’activités économiques :
- les zones d’activités économiques accueillent 30 à 50%
des surfacesdeventeengrandedistributioncommerciale
(commerces de plus de 300m
2
de surface de vente),
mais ne représentent « que » 20 à 30% des emplois de
l’airemétropolitaine ;
- les principaux centres-villes ne proposent « que » 15 à
30% des surfaces de vente en grande distribution com-
merciale mais accueillent une proportion de 30 à 50%
des emploisde l’airemétropolitaine.
Les zones d’activités économiques accueillent de plus en
plus d’équipements structurants, par exemple enmatière
de formation (campus universitaires et grandes écoles),
de loisirs (multiplexes cinématographiques, bars, disco-
thèques, etc.), de santé, de recherche, de services à la
personne (banques, médecins, notaires, etc.), mais aussi
de restauration.
Des territoires économiques en transition
Depuis lesannées 1980, lesdémarchesde laplanification
économique traditionnelle apparaissent moins efficaces
face aux profondes mutations socio-économiques qui
affectent l’organisation des métropoles européennes
(augmentationde laproductivitédes grandes entreprises
dueauxeffortsde rationalisationdepuis les années 1970,
corréléeà l’augmentation importantedu tauxdechômage)
21
.
Cesmutations socio-économiques ont surtout un impact
important auniveaumicro-territorial
22
, c’est-à-dire auniveau
intra-métropolitain (arrondissement, commune, voire dé-
partement). Les territoires traduisent ces imbrications
d’échelles. Ainsi, aux entrées de ville l’implantation des
activités économiques est directement influencée par
l’économie mondiale et les réglementations nationales.
Dans lemême temps les politiques locales façonnent ces
morceauxde ville (démarches de requalification, création
d’embranchements ferroviaires, implantationdePEM, etc.).
Les influences économiques entre les niveaux global et
local passentdésormaisdemoinsenmoinspar l’ensemble
des échelons administratifs des territoires (Europe, État,
région, département, etc.) mais par des réseaux qui ont
leurs propres logiques d’interdépendance
23
. La représen-
tation de l’urbain par le symbole du « réseau » permet
d’illustrer les interdépendances qui s’opèrent non seule-
ment à un seul niveau territorial, par exemple celui de la
commune,maisaussi entre lesespaces situésàdifférents
niveaux des échelles territoriales, par exemple, entre le
quartier et la région.
20 •
dossier FNAU,
22-2.
21 •
Bagnasco&
LeGalès, 1990.
22 •
PierreVeltz,
2002.
23 •
Certains
auteursdécrivent
ces « linking»
phénomènesde
manièredétaillée
(Baccini &Oswald,
1998 ; Barabasi,
2002) et proposent
unenouvelle
représentationde
l’urbainen fonction
des relations
réticulaires.
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