Cahiers techniques de l'AEU2 - N° 7 CLIMAT ET ENERGIE - page 38

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RÉUSSIRLAPLANIFICATIONETL’AMÉNAGEMENTDURABLES
CAHIERTECHNIQUE
CLIMATETÉNERGIE
33 •
Lacourbe
deNewmannet
Kenworthy repré-
sente lacorrélation
entre ladensité
urbaineet la
consommationde
carburant annuelle
par personne.
Notonsque les
travauxdeNew-
mannet Kenworthy
n’abordent que les
consommations
énergétiques asso-
ciées auxpratiques
demobilité.
34 •
Cet articleest
issud’un travail
menéavecMarie
Llorente, écono-
miste, chargée
de rechercheau
CentreScientifique
et Techniquedu
Bâtiment, dans le
cadred’uncontrat
de rechercheavec
lePUCA–PREBAT.
Le rapport, intitulé
«Revuede la litté-
rature scientifique
sur le lienentre les
formesd’organi-
sation territoriale,
les consommations
énergétiques et les
gazàeffetdeserre»,
aété remis en juin
2009.
35 •
« Densecities
in2050: theenergy
option?»,Ménard,
2011.
36 •
LePassFon-
cier (duMinistère
de l’égalitédes
territoires et du
logement) permet
d’accéder à la
propriétéenétalant
dans le temps l’ef-
fort financier. Il est
caractérisépar un
tauxdeTVA réduit
et undispositif de
sécurisationpour
l’accédant.
Questionner ladensité
Diverses statistiques tendent à montrer une corrélation
entre la densité d’urbanisation des grandes villes
et une mobilité moins carbonée favorisant l’usage
des transports collectifs ou de la marche. L’une des
recherches les plus souvent citée à ce propos est
la courbe de Peter Newman et Jeffrey Kenworthy
33
.
Dès lors, la question de la densité a souvent été au
centre des réflexions. Une synthèse, proposée par
Xavier Desjardins (Université Paris 1) et Marie LLORENTE
(économiste,CSTB)
34
, révèledes«pointsdeconvergence» :
- pour lesgrandesmétropoles, il yaun lien inverseentre
densitéurbaineetconsommationénergétiquepar tête
pour lesdéplacementsdepersonnes ;
- dans les pays développés, en tendance, les espaces
à faible densité (principalement des espaces ruraux,
mais aussi certains espaces périurbains) présentent
uneconsommationénergétiquepar têtepour lesdépla-
cements locaux de personnes et l’habitat supérieure
àcelleque l’on rencontredans les espacesdenses ;
- à densité comparable, la présence de transports
collectifss’accompagned’une réductiondesémissions
moyennesdeGESpour lesdéplacements.
Cependant, comme l’indiquent les auteurs, ces résultats
cachent une réalité très complexe :
- ilsneprennentquepeuencompte lesconsommations
liées au transport de marchandises, ainsi qu’au trafic
de transit. Laquestiondesconsommationsde l’habitat
est rarement considérée, tout comme le potentiel
EnR&Rdesdifférentes formesurbaines ;
- ils montrent que les consommations énergétiques
sont très dépendantes de l’éclatement des fonctions
à l’intérieur des agglomérations et de ladispersiondes
ressources (emploi, logements, services, etc).
Par ailleurs, certaines études prospectives, comme celle
réalisée par Raphaël Ménard
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, illustrent que la prise
en compte des progrès technologiques relatifs aux
véhicules et de la production d’énergie renouvelable
est susceptible, dans des conditions bien particulières,
d’ « inverser la courbe de Newman et Kenworthy » liant
densitéet consommationénergétique.
Finalement, lamiseenévidencede lapartstrictement liée
à la densité dans les différences constatées en matière
de consommation énergétique et d’émissions de GES
est difficile. La focalisation sur la densité résidentielle
occulte de nombreux phénomènes comme les questions
de localisationdesactivitésetdes services.
Idée clé
Ces multiples controverses pointent finalement le fait
que si des liens réels existent entre formes urbaines et
consommationsénergétiques, ceux-ci sont si complexes
quedes leviersd’actionuniverselssont illusoires.
Dès lors, l’adoption de démarches contextualisées,
avant deproposer des solutions, est àprivilégier.
Questionner lemarché foncier et de l’habitat.
La France connaît une crise du logement, qui se traduit
par une pénurie de logements, des prix élevés et
l’inadéquation de l’offre par rapport aux localisations
des bassins d’emploi. Sur la période d’août 2011 à août
2012, 360000 logements ont été commencés enFrance
alors que les experts estiment qu’il en faudrait plus
de 500 000 chaque année pour répondre à la pénurie.
130 000 logements ont été réalisés en individuel pur,
50000enmaisonsen lotissementet 180000encollectif
(dont plusde 100000 logements sociaux).
La grande difficulté actuelle tient au fait que les coûts
deconstructionsontentre50%et 100%plusélevésdans
le collectif que dans l’individuel pur et que le foncier en
zoneurbainedenseest parfois 3ou4 fois, voirebienplus
encore, plus cher que dans les zones rurales éloignées
physiquementmais accessiblespar des voiries rapides.
Tant que les politiques foncières (adossées aux politiques
articulées de transport et d’urbanisme) ne parviendront
pas à modifier cette réalité, la construction diffuse
continuera en France. Les modes de financement du
logement encouragent encore largement la construction
individuelle, souvent de qualité faible, en zone rurale :
en particulier les différentes générations du PTZ (Prêt
à Taux Zéro), qui a permis à des ménages d’accéder à la
propriété, en jouant sur l’éloignement pour faire baisser
lecoûtdu foncier, soutenupar lePass foncier
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