Cahiers techniques de l'AEU2 - N° 2 MOBILITÉ - page 12

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RÉUSSIRLAPLANIFICATIONETL’AMÉNAGEMENTDURABLES
CAHIERTECHNIQUE
MOBILITÉ
Évolutiondes concepts urbanistiques
Le dernier quart du 20
ème
siècle a été marqué par une
réaction aux grands ensembles et aux formes urbaines
héritéesde l’industrialisation.La luttecontre labanalisation,
l’uniformisation, l’enclavement de certains territoires, et
plus récemment l’émergence de nouvelles approches
de conception urbaine (Écoquartier, démarches AEU
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et
HQE-Aménagement, etc.) ont orienté les professionnels
de l’urbanisme vers des formes urbaines plus denses et
plus compactes, vers d’autres types d’habitat (habitats
intermédiaires, lotissements denses, maisons sur les toits).
Ellesont aussi suscitédenouvelles stratégiesd’adaptation
de l’offre à la demande en mobilité, ce qui s’est traduit
par une réflexion sur le choix de localisation réciproque
des zones d’emplois et d’habitat et sur le choix des
équipements.
Maisavantdeprocéderauchoixd’unmodèled’organisation
spatiale, des externalités positives et négatives sont
à appréhender, tant sur le plan spatial que sur le plan
environnemental et socio-économique. Quel que soit
le périmètre de projet, cela suppose en particulier de
s’interroger, sur lesmécanismesderégulationsusceptibles
de rendre efficiente la morphologie urbaine vis-à-vis des
pratiques de mobilité, au-delà des villes-centre. Entre
autres exemples, la possibilité de densification dans les
secteurs périurbains voire ruraux, l’organisation de la
diversité fonctionnelle au niveau de pôles de proximité,
la réinterrogation du rapport à l’espace public, à la rue et
plusglobalement aux servicesurbains.
Plusieurs notions, exposées ci-contre, sont essentielles
pour appréhender aumieux les conceptsurbanistiques.
Centralité
Longtemps la centralité a défini un lieu caractérisé par la
présence d’une gouvernance (religieuse puis politique)
où s’organisaitunemultitudede fonctionsdansun rapport
de complémentarité ou de concurrence (commerces,
services, lieu de pouvoir). Attachée à une approche plutôt
statiquedesformesurbaines, lacentralitéasouventconduit
à opposer « centres » et « périphéries », lesquels étaient
reliéspar uneoffrede transports radialeplutôt qu’orbitale.
Ladesserte en transports des périphéries était considérée
comme une manière de désenclaver certains quartiers.
La fortecorrélationentre leprixde l’immobilieret ladesserte
par les transports a encore aggravé les phénomènes
d’exclusionde certaines catégories de population vis-à-vis
des servicesurbains.
La prévalence actuelle du modèle de développement
polynucléaireconduità reconsidérer lanotiondecentralité
dans lespratiquesde l’urbanismeetàpenser lavillecomme
un système en mouvement, organisé autour de noyaux
(ou pôles urbains) dont les caractéristiques, notamment
démographiques, sont évolutivesetdifficilementmaîtrisables.
Il faut pour cela définir ce que doivent être les qualités
spatialeset fonctionnellesdecespôlesurbainset imaginer
la façon lapluséquitableet laplusperformantede les relier
entre eux. Cela renvoie en particulier à la volonté ou à la
capacitéde renoncerà répondrepar laseuleoffrepublique
à tous les besoins comme, par exemple, les flux diffus
ou les flux tangentiels telle que la desserte des « écarts »,
des parcs d’activités, etc. Dans certains cas, un arbitrage
entre choix politique et rationalité technico-économique
peutdevenir nécessaire.
Mixité
Leprincipedemixité fonctionnelleetsocialeestaujourd’hui
un des axes majeurs de tout projet urbanistique. Celui-ci
ne peut en effet être efficace qu’en cohérence avec
les politiques de l’habitat (PLH) ou de développement
économique. Mais sa traduction spatiale ne va pas sans
difficulté. L’équilibre est à trouver entre une grande
spécialisation des quartiers, recherchée dans certains
cas (rues ou quartiers commerçants dédiés, limitation de
l’exposition des populations aux nuisances ou protection
patrimoniale)etunecohabitationdesactivités.Cetéquilibre
restedans tous lescas instable. Lamixitésocialeseheurte
à une forme d’instinct grégaire qui peut conduire à une
« gentrification » des quartiers populaires : les catégories
sociales défavorisées sont repoussées dans des quartiers
disposant de moins de services, ou moins bien desservis,
impliquant des trajetsdomicile travail plus longs. Lamixité
estenoutredifficileàmesurer : le risque résidedans le fait
de résumer par exemple lamixité fonctionnelleaunombre
de logements, commerces, équipements ou activités à
l’hectare sans prendre lamesure de leur complémentarité
etde leurcapacitéà fairevivreun territoire, enparticulierà
l’échelledeproximité.
Figure 1 : Unexempledemixité. Ouvert sur laSeineet sur les coteauxde
Sèvres et deMeudon, leTrapèzeest conçucommeunquartier diversifié
et vivant qui compteraà termeplusde 12000habitants et 12000 salariés.
©ArnaudBouissou/METL-MEDDE
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