Cahiers techniques de l'AEU2 - N°5 CONSTRUIRE LA VILLE SUR ELLE-MÊME - page 83

83
Relier lepassé, l’existantet le futur :uneapprocheglobale
Au-delà du repérage des éléments architecturaux
exceptionnels ou pittoresques, il importe d’identifier et
d’analyser les caractéristiques majeures du patrimoine
local (modes de groupements et relation au voisinage,
accroche au terrain, orientation, espaces de transition,
typologies de bâtiments...), des entités urbaines, indus-
trielles et rurales, dans leur globalité. Il s’agit de déve-
lopper une approche contextuelle et identitaire, pour
ancrer le projet dans son territoire et l’inscrire dans son
épaisseur historiqueet patrimoniale. C’est dans lecadre
de cette approche globale que de nouveaux éléments
architecturaux, nouveaux bâtiments, voire même nou-
veaux territoires, nonperçus alors commeayant une va-
leur historiqueet culturelle, sont découverts. L’urbain se
recycle et les patrimoines récents, hier contemporains
tel que l’industrie, voire même les grands ensembles,
deviennentdes symboleset retrouventunnouvel usage,
une nouvelle fonction qui s’inscrit pleinement dans
nosnouveauxmodesde vie.
La requalification des tissus anciens, ou comment
renouveler lepatrimoineurbaindégradé
Le tissu urbain antérieur au XX
ème
siècle, qu’il soit un
quartierpopulaireencœurdevilleouunancien faubourg
ouvrier en banlieue, est marqué dans certaines villes
parunedégradationdesonbâti, conjuguéeàunedésaf-
fectionéconomiqueet sociale. Sa requalificationnéces-
sitepour lescollectivitésunevéritablestratégieurbaine,
faite « sur-mesure », pour in fine réussir à préserver le
patrimoine menacé et retrouver une attractivité. Cette
stratégie doit être définie à travers un projet social, ur-
bainet patrimonial adaptéauxenjeuxdes territoires, en
utilisant à bon escient une « boîte à outils » complexe
d’intervention sur lepatrimoine.
Le projet de requalification urbain émerge en amont de
l’analyse des marchés immobiliers (niveau de tension,
segments du marché, profils socio-économiques des
propriétaires,…), de laqualitépatrimoniale et urbainedu
tissu bâti, des enjeux et des besoins enmatière d’habi-
tat, d’équipementsetdecommerce. Sur labasedecette
vision transversale des enjeux locaux, il s’agit alors de
déterminer quel rôle donné au quartier requalifié, quels
freins et atouts techniques et financiers pour engager
les travaux, quelles populations cibles accueillir, quelle
typologie d’habitat pertinent, quels acteurs publics et
privés mobiliser,… Le projet doit par ailleurs identifier
quels secteurs clés où intervenir pour créer un effet de
levier et susciter l’investissement privé. Il convient gé-
néralement de cibler les immeubles les plus dégradés
enpremier lieu, car leur acquisitionpar unemaitrisepu-
bliquepermet de reconstituer unmorceaude la ville at-
tractif avec une offre de logement de qualité, au rayon-
nement suffisant pour relancer localement le marché
foncier.
Au service de ce projet, une série d’outils multiples et
complexes existe. Communément utilisés par les col-
lectivités, les outils patrimoniaux que sont les ZPPAUP,
désormais Avap, permettent de protéger le secteur, re-
valoriser son image et de permettre aux habitants et
propriétaires de s’approprier leur patrimoine. Dans une
optiqued’interventionsur lequartieren lui-même, divers
leviers peuvent être activités : outils incitatifs, notam-
ment à travers les OPAH, outils coercitifs, lors d’opéra-
tions de résorptionde l’habitat insalubre (RHI), outils de
restructuration immobilière (ORI), outils de substitution
temporaire, outils juridiqueet foncier,…
Lapatrimonialisationde la cité
de l’Etoile àBobigny
REX
Commandée en 1955 par Emmaüs et imaginée par les
architectes Georges Candilis, Alexis Josic et Shadrach
Woods, la cité de l’Etoile à Bobigny (93) est un témoin
architectural dumouvement de solidarité nationale en
1954 initiépar l’abbéPierreen faveur desplusdémunis.
L’équipe d’architectes a édifié des logements dans
une architecture très simple et peu couteuses, mais
pourvued’unevraie forceplastiqueavecune répartition
en plan très efficace. En cours de rénovation en 2014,
leMinistère de la Culture a décerné en 2008 à la cité
le label “PatrimoineduXX
e
siècle”par lebiaisde laDRAC
d’Île-de-France,
LESBONNESPRATIQUESDERENOUVELLEMENT : UNEOPPORTUNITÉPOUR LE«DÉVELOPPEMENTDURABLE»
CAHIERTECHNIQUE
CONSTRUIRELAVILLESURELLE-MÊME
1...,73,74,75,76,77,78,79,80,81,82 84,85,86,87,88,89,90,91,92,93,...140