Cahiers techniques de l'AEU2 - N° 1 AMBIANCES URBAINES - page 58

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RÉUSSIRLAPLANIFICATIONETL’AMÉNAGEMENTDURABLES
CAHIERTECHNIQUE
AMBIANCESURBAINES
Qualifier les ambiances visuelles nocturnes
Les ambiances visuelles changent considérablement
entre le jour et lanuit.
Pour le concepteur, il s’agit notamment de comprendre
comment se dessine la ville nocturne à travers, entre
autres, leschoixd’éclairagepublic. Les lieuxmisen valeur
sont-ilsceuxqui accueillent lesusagesnocturnes?Autre-
ment dit les niveaux et types d’éclairement sont-ils adap-
tés aux usages qui sont faits de l’espace ? On constate
souvent une concordance entre les cartes de l’éclairage
public et les cartographies du bruit, les lieux les plus
bruyants étant les plus éclairés. Pour autant les niveaux
debruit fluctuent aucours de lanuit : les niveauxd’éclai-
rementsuivent-ilscettevariationpour s’adapterauniveau
d’activitéhumaine?
Les zonesd’ombres sont aussi unpoint sur lequel se foca-
liser : celles-ci génèrent-elles un sentiment d’insécurité ?
Ou bien l’absence de lumière est-elle un atout en termes
de tranquillité (par exempledansunparc fermé lanuit) ?
Enoutre, lescouleurset lesmatériauxontun rôlenonné-
gligeable dans les ambiances visuelles nocturnes. Il s’agit
d’identifier leur « comportement nocturne » afind’identi-
fier les atouts et faiblesses qu’ils induisent. Par exemple
des couleurs claires, qui réfléchissent la lumière, pourront
permettredeproposerdesniveauxd’éclairementde faible
intensité.
Par une mise en lumière excessive, l’éclairage nocturne
crée de la pollution lumineuse, qui peut compromettre le
« droit à la nuit » tant pour la biodiversité que pour l’être
humain.
Cette pollution lumineuse se traduit par plusieurs types
denuisances :
-
la lumière intrusive
, c’est à dire une lumière non dési-
réepénétrant dansunespaceoùelleconstitueunenui-
sance (perturbationdu sommeil, de la faune, etc…) ;
-
l’éblouissement
, c’est à dire une trop forte intensité lu-
mineuse induisant uncontrasteexcessif, inconfortable ;
-
la luminescence du ciel nocturne
, c’est à dire la créa-
tiondehaloscauséspar la lumièreperduevers leciel.Ce
phénomèneestaggravéencasdepollutionde l’air :dans
uneatmosphèrehumideetpolluée, lehalo serad’autant
plus dense dans et autour de la ville émettrice. Onpeut
égalementnoterquedesmatériauxde revêtementclairs
peuvent contribuer au phénomène de luminescence du
ciel (perturbationde la faune, de la flore, de l’humain).
Plusieurs phénomènes peuvent être à l’origine ou aggra-
ver cette forme de pollution et peuvent être interrogés
lorsd’undiagnostic.
-
La direction des flux lumineux.
De nombreux lampa-
daires émettent des flux lumineux au dessus de l’hori-
zon (ce qui se traduit, dans un diagramme polaire, par
uneémissionde lumièreaudessusde90°) ; ces fluxpro-
duisent de la pollution lumineuse sans éclairer l’espace
oùsedéroulent lesusages. L’exemple typeestcelui de la
boule lumineuse, dont l’essentiel des flux est dirigé vers
le ciel. Les enseignes publicitaires émettent également
des flux lumineuxbienau-delàde l’horizon.Unéclairage
efficace est concentré sur les espaces à éclairer, sans
émissionde lumièreperdue.
-
Des niveaux d’intensité lumineuse trop élevés.
L’éclai-
rage ayant longtemps été associé à une mise en sécu-
rité, de nombreux espaces sont aujourd’hui suréclairés
au regard des usages nocturnes qui en sont faits. C’est
notamment le cas de nombreuses zones d’activités,
désertes la nuit, mais qui restent très fortement illumi-
nées. Il peutainsi s’agir, dès lediagnostic, d’identifierces
zones et proposer ensuitedes solutions alternatives.
PROJETNUMELITE, ALBI
Le projet NUMerical Light TEchnology regroupe un
consortiumdeonzemembres, associant desuniversités à
des groupes industriels sur la questionde l’efficiencedes
installations d’éclairage public, notamment du point de
vue environnemental. Il s’est déroulé entre 2002 et 2004
et aétéco-financépar l’UnionEuropéenne.
Ce projet avait pour objet de tester différents dispositifs
d’éclairage innovants dans un espace urbain dense. L’en-
jeuétaitdepouvoirdresserunbilandeséclairages lesplus
efficients au regarddes consommations énergétiques, de
la sécurité routière, de la perception des piétons, etc. La
méthode de Collecte des Perceptions en Situation a été
développée dans le cadre de ce projet (pour plus d’infor-
mations sur cette méthode, se référer à la fiche portant
sur lesCPES).
Deux types d’éclairage ont été testés : l’éclairage fonc-
tionnel nécessaire sur les axes de transport routier, et les
éclairages d’ambiance, concernant les axes privilégiant
les cheminementspiétons.
A la suite de cette expérience, la ville d’Albi a inauguré
un nouvel éclairage urbain qui permet une économie de
presque50%de l’énergieconsommée.
En savoir plus :
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