Cahiers techniques de l'AEU2 - N° 1 AMBIANCES URBAINES - page 59

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LECONFORTVISUEL
CAHIERTECHNIQUE
AMBIANCESURBAINES
29 •
SAJOUSP.,
Enquêtedans
unquartier de la
villed’Albi sur les
perceptions et
les attentesdes
piétons enmatière
d’éclairage, Re-
chercheTransports
Sécurité, 2008
30 •
SAJOUSP.,
ibid.
INTERROGERLESATTENTES
ETLESUSAGES
Proposer un environnement visuel
support d’appropriation
Dupointdevuedesusages, lesmarqueursvisuelsdoivent
permettrede faciliter le repéragedans l’espacepublic.
Unenvironnement visuel bienconçuestunatoutpour fa-
voriser lesmobilités partagées. Une signalétique adaptée
à chaquemode de déplacement (piétons, cyclistes, auto-
mobilistes) ouencore le traitement visuel de l’espace indi-
quant lahiérarchisationdesvoiriesoudesusagespeuvent
aider à la bonne cohabitation entre les différents modes
dedéplacement. Par exemple, le traitement paysager des
abordsde voirie, encréant une impression visuellede res-
serrement de la voirie, aura tendance à faire diminuer la
vitesse automobile. Du point de vue des cheminements
cyclables, une discontinuité dans les marquages au sol
indiquant lesbandescyclablescréequant àelleun incon-
fort et un sentiment d’insécuritédans ledéplacement.
LESCARTESMENTALES
L’urbaniste américain K. Lynch, dans son ouvrage Image
of the city (Lynch, 1960), référence pour les chercheurs
en sciences de l’espace, fut à la source de l’élaboration
des cartes mentales en posant l’hypothèse de l’imagibi-
lité ou de la lisibilité urbaine. Cette technique consiste à
fairedessiner une carte subjective et à recueillir les com-
mentaires associés à cette carte. Le début des années
soixante-dixmarque donc, à travers les recherches de K.
Lynch et G. Cullen notamment, l’émergence du concept
et de la prise en compte de l’espace sensible dans les re-
cherches en sciencesde l’espace.
C’est au cours des décennies 1960 et 1970 que la carte
mentale, concept et technique méthodologique, devint
un des outils du géographe et de l’aménageur, lesquels
ont emprunté cette technique à lapsychologie cognitive.
Les recherches sur lacompréhensiondes représentations
de la ville font appel à des approches pluridisciplinaires.
Ainsi, la cartementale s’est révélée êtreunoutil précieux
dans les travaux concernant l’espace conçu, révélant les
représentations individuelles, mais aussi les représenta-
tions socialesde l’espace.
Les cartes mentales sont une méthode participative et
sensible utilisée notamment par le CRESSON. Cette mé-
thodeest basée sur des cartesdessinéespar lesusagers.
Après une visite d’espaces publics divers (places, rue,
ruelles,marchés, etc.), lesusagersdoivent représenter par
une carte ce qu’ils ont visité : patrimoine architectural,
mobilierurbainde reposoude loisirs, végétation, route, etc.
La retranscription effectuée en aval, après avoir visité le
site, favorise lasélectiondeséléments, pournegarderque
les éléments les plus frappants : une belle vue, un recoin
avecdesdéchets, unemplacement important pour lapré-
sencedes voitures, etc.
Cette méthode peut être utilisée dans le cadre d’une
sélectionde lieuxàétudier, qu’il s’agissed’étudier les am-
biances visuellesmais également les ambiances sonores,
olfactives, etc.
En savoir plus :
Ce principe d’aide au repérage visuel doit être égale-
ment pensé pour être perceptible de nuit. Les voitures
disposent de phares, donc d’un éclairage « autonome ».
Lepiétonet lecyclistedisposent d’unemoindre visibilité :
si l’on souhaite inciter au reportmodal vers lesmodes ac-
tifs y compris de nuit, l’ambiance visuelle nocturne doit
être conçue pour rendre les déplacements actifs confor-
tables et sûrs.
Lanotionde sûreté lanuit est souvent associéeauniveau
d’intensité lumineuse. Pourtant le suréclairement n’est
pas soutenable que ce soit d’un point de vue environ-
nemental ou économique. Il peut également constituer
unegênepour les usagers du fait de l’éblouissement qu’il
génère.
L’uniformitéde l’éclairageest un facteur essentiel dans la
détermination du confort et de la sécurité des déplace-
ments nocturnes àpiedou à vélo. L’uniformité est définie
par le« rapportentre lepointd’éclairementminimumet la
moyenne des points d’éclairement sur une surface consi-
dérée », autrement dit par la « répartition du flux lumi-
neux surune surfacedonnée»
29
. C’esten fait lecontraste
trop fort entreune zoned’ombreet une zoneéclairéequi
peutêtreanxiogène.Celapeutd’ailleursêtre liéà la forme
urbaine à travers ce que l’on peut appeler « l’effet porte
cochère» : quandune rueestéclairée, la lumièren’atteint
pas les portes cochères ou plus largement les espaces
situés en retrait de l’espace public, alimentant un
sentiment de peur lié à ce qui pourrait se cacher dans
l’obscurité
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. L’organisation des formes urbaines peut
permettre de limiter ces espaces en retrait ou de les
rendreplus visibles, doncplus rassurantspour lepiéton.
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