Cahiers techniques de l'AEU2 - N° 1 AMBIANCES URBAINES - page 46

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RÉUSSIRLAPLANIFICATIONETL’AMÉNAGEMENTDURABLES
CAHIERTECHNIQUE
AMBIANCESURBAINES
Proposer des représentations lisibles et inno-
vantes dupaysage sonore
Oncomprendainsi que l’améliorationde laqualité sonore
des espaces ne peut se limiter à des actions de réduc-
tion des nuisances et au respect des seuils de gêne. Elle
concerne aussi l’équilibreentre zones calmes et animées,
de même que la mise en valeur de sonorités agréables.
Or les études d’impact et les cartographies acoustiques,
telles qu’elles sont aujourd’hui réalisées, répondent à cet
objectif de maîtrise, d’objectivation et de sensibilisation
mais « n’aident pas les aménageurs à « penser » la di-
mension sonore de la ville d’une façon sensible »
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. Il est
doncpertinentdeproposerdesoutilsdeconnaissancede
l’environnement sonore permettant de qualifier un envi-
ronnement sonore urbain complexe. Il s’agit par exemple
de proposer des « cartes sonores » capables de décrire
un vécu sonoreurbain, afindecompléter les informations
quantitativesapportéespar lescartographieset lesmesures
acoustiques.
MÉTHODEDAQUAR,
DIAGNOSTICACOUSTIQUEDEQUARTIER
C’est une démarche interdisciplinaire d’observatoire de
l’environnement sonoreurbaindéveloppéepar unconsor-
tium de laboratoires (CRESSON, INRETS, CSTB) à partir
d’une commande du Grand Lyon (maître d’ouvrage coor-
dinateur et financeur).
L’objectifdecettedémarcheestdepouvoirétabliret stoc-
ker desdiagnosticsacoustiquesquantitatifset qualitatifs
de quartiers en prenant en compte ses caractéristiques
locales (usages, espaces construits). Ces diagnostics
pourrontêtreutiliséspar lesélus, techniciensethabitants
directement oupar comparaisonentreeux.
La méthode préconisée fait appel à des acousticiens et
auxhabitants, elle s’articuleautour de3études :
- une première étude porte sur l’identification des confi-
gurations spatiales créant des effets sonores particu-
liers, et porteurs d’une identité spécifique du quartier.
Cetteétude se fonde sur des enregistrements sonores ;
- une secondeétudeporte sur la collectedes représenta-
tions des lieux par les habitants et l’explication de leur
appréciation des lieux. Cette étude se compose d’une
enquête téléphonique, de tables rondes et d’entretiens
approfondis lors de journée « phono-réputationnelle »
c’est àdired’écoutes réactivées debandes sons illustra-
tivesduquartier ;
- une troisièmeétudeconsisteàquantifier classiquement
lesphénomènes acoustiques.
Cesétudessont traduitesspatialementpar lebiaisdeplus
de40cartes thématiques : cartesde sociabilités repérées
(repérage des types d’activités sociales audibles sur le
territoire), cartepointdevuedeshabitantssur lessonsdu
quartier, carte du trafic, carte de l’urbanité sonore calme,
etc.
La question de la représentation de l’espace sonore n’est
passimple : ladescriptionauditivemanquedevocabulaire
pour qualifier le type de sons agréables ou gênants. Elle
revient souvent à décrire des situations plutôt que des
composantes sonores à proprement parler (conversation
entrevoisins, chantsd’oiseaux, passaged’uncyclomoteur,
etc…). Il n’y a donc pas de modèle universel permettant
d’expliquer cequi fait laqualité sonored’un lieu.
A partir de ce constat, on peut s’interroger sur la perti-
nence de la seule représentation visuelle pour échanger
autour d’unprojeturbainet architectural et sur l’utilitéde
la compléter avec d’autres outils permettant demobiliser
les autres sens. Des enregistrements sonores pourraient
par exemple être associés aux perspectives réalisées par
les concepteurs, permettant ainsi d’associer une am-
biance sonoreà la représentation visuelle (représentation
d’une place accueillant unmarché associée à une bande
sond’un jour demarché, etc.).
Par ailleurs, la perception du son est intrinsèquement
liée à la temporalité, de sorte que les sons ne sont jamais
immobiles, mais varient constamment. Les cartographies
acoustiques, même si elles distinguent les grandes pé-
riodes (jour, soir, nuit) sont statiques, et nepermettent de
représenter cette fluctuation permanente. Des « cartes
temporelles»permettantparexempled’observer ladensi-
té et la nature des signaux sonores au cours d’une soirée
ou de la nuit, peuvent ainsi permettre de décrire plus fi-
dèlement le paysage sonore vécu et, au final, de consti-
tuer unemeilleure référence pour imaginer des concepts
d’aménagement sonore ou corriger les défauts de l’envi-
ronnement sonore dans un espace donné. Pour réaliser
ces cartographies représentatives de l’ambiance sonore,
il est utile de croiser lesmesures et cartographies acous-
tiques avec les descriptions des usagers (avertis ounon).
Ce travail de qualification a été expérimenté à Grenoble
et Bordeaux par le CRESSON. Cette expérimentation a
débouché sur l’élaboration du guide méthodologique
ASTUCE, présentédansunefichedédiée.
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BALAŸO., ibid.
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