Cahiers techniques de l'AEU2 - N° 1 AMBIANCES URBAINES - page 47

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L’AMBIANCESONORE
CAHIERTECHNIQUE
AMBIANCESURBAINES
18 •
TNSSOFRES,
LesFrançais et les
nuisances sonores,
25mai 2010
19 •
COHEN J.-M.,
OpenRome, Etude
«Bruit et santé
en ÎledeFrance»,
juillet 2007
Enfin la cartographie sonore peut aussi être croisée avec
d’autres thèmes. Par exemple, les cartographies du bruit
et cellesde l’éclairagepublicprésentent souvent despro-
fils très similaires, les rues les plus bruyantes étant celles
les plus éclairées. L’éclairage public reste en général au
même niveau d’intensité pendant la nuit, tandis que le
bruit (et l’usage) varieaufil desheures. Celapeut poser la
questiond’adapter les niveaux d’éclairement aux niveaux
debruit, et de fournir un serviced’éclairement enpropor-
tionde l’usagede la voieoude l’espace.
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INTERROGERLESATTENTES
ETLESUSAGES
Réduire les impacts négatifs dubruit
sur la santé
SelonuneétudeTNSSOFRES
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, 2 françaissur3sedéclarent
gênés par lebruit. Pour 23%des interrogés, les nuisances
sonores les amènent souvent ou très souvent à devoir
fermer les fenêtres. Toujours d’après cette étude, les
conséquences des nuisances sonores sur la qualité de
vie sont plus importantes pour les personnes habitant
les grandes agglomérations (Paris, Lyon, Marseille) :
le pourcentage de personnes disant devoir souvent ou
très souvent fermer les fenêtres passe à 45%. 20% de
ces habitants disent même souvent penser à déménager
à cause du bruit. Les résidents en appartement sont
également plus touchésque lamoyenne.
LeCentre d’Information et deDocumentation sur leBruit
(CIDB) reçoit chaque année plusieursmilliers de plaintes
concernant lebruit.D’aprèsuneétudemenéeen2010par
cet organisme sur la gêne ressentie, 35% des plaignants
évoquent des effets dubruit sur leur santé, dont 34%des
perturbations du sommeil (retard à l’endormissement,
réveils soudains et fréquents au cours de la nuit, etc…),
26%du stressetde la tensionnerveuse, 22%de la fatigue,
10% de la prisemédicamenteuse, 7% évoquant même un
état dépressif.
Une étude menée en 2007 sur les impacts du bruit sur
la santé en Île de France
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a permis de mieux quantifier
cesphénomènes, enmontrant notamment que :
- laprisedemédicamentscontre l’hypertensionest5,6 fois
plus fréquente chez les hommes de 40 à 69 ans dont
ledomicileest survolépar des avions ;
- la prise d’anxiolytiques et d’antidépresseurs est multi-
pliée par 10 chez les femmes de40 à69 ans habitant à
proximitéd’un«point noir » ferroviaire.
Pour autant, reste à souligner que les effets directs du
bruit sur lasantésontparticulièrementdifficilesàprouver
d’unpoint de vueépidémiologique.
Prendreencompte ladimension sociologique
et subjectivedubruit perçu
D’un point de vue qualitatif, l’appréciation de l’ambiance
sonoreest indissociabledusujetqui laperçoit. Les formes
urbaines, les usages et les pratiques qui caractérisent
l’espace public conditionnent les types de sons qui s’y
trouvent, leur fréquence, leur intensité, etc. Mais l’am-
biance sonore dépendra également de la perception
sensorielleet des représentationsdechacun.
Selon la mémoire, la culture, un son pourra être ressenti
comme une agression par l’un, et comme un repère pour
l’autre. C’est pourquoi il s’agit également d’être vigilant
dans l’interprétation des dépôts de plainte, car ceux-ci
ne portent pas forcément sur les nuisances sonores les
plus importantes,maisplutôt sur cellespour lesquelles les
responsables sont les mieux identifiables (plainte contre
le voisin,maispas contre l’autoroute situéeàproximité).
On assiste en outre à un phénomène d’écoute sélective.
Uncontinuum sonorepourraêtre«masqué»par unbruit
agréable : la présence d’arbres et plus largement du vé-
gétal n’a pas à proprement parler d’effetmesurable sur la
réductionde lanuisanceacoustique.Mais l’apportd’émis-
sions sonores plus proches et jugées de qualité, tel que
le vent dans les feuilles, les chants d’oiseaux, peut aider à
faireabstractiond’unbruit de fondplutôt gênant. Par ail-
leurs, une routemasquée par un rideau d’arbres est qua-
lifiéedemoins nuisante, car onne la voit pasmême si on
l’entend toujoursautant. Le lienentreperceptionsvisuelle
et sonoreest en jeu.
A l’inverse, la suppression d’une nuisance sonore peut
favoriser l’émergence d’une autre nuisance non soup-
çonnée. Par exemple dans un quartier sans voiture, les
enfants peuvent jouer dans la rue, ce qui peut devenir
une nouvelle source de bruit gênant pour certains. Sans
compter que les préjugés amplifient laperceptionde l’es-
pace sonore, enamenant lecerveauà sélectionner l’infor-
mation sonore voire à en déformer le sens : la réputation
d’un quartier a des incidences sur la perception que l’on
en a une fois sur place, et l’on prêtera plus attention aux
marqueurs sonores qui correspondent à cette représen-
tation.
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